Une étude américaine montre que, si la consommation de marijuana reste plus faible chez les plus de 45 ans que chez les ados, elle a largement augmenté en douze ans, alors que celle des adolescents a baissé.
« La plus grande part du débat autour de la légalisation de la marijuana se concentre sur les potentiels effets néfastes de la drogue sur les adolescents : "qu’en est-il des enfants ?" est le refrain commun. Cela a sans doute du sens […], écrivait le 2 septembre le Washington Post. Mais les données fédérales en matière d’usage de la marijuana suggèrent que les votants se demandant s’il faut ou non légaliser la marijuana devraient plutôt se demander : "qu’en est-il des grands-parents ?"» La question peut sembler amusante, mais au vu des résultats de la dernière enquête fédérale américaine sur la consommation de cannabis, par groupes d’âges, aux Etats-Unis, elle est pertinente.
Le Center for Disease Control and Prevention s’est interrogé sur cette drogue, dont l’usage est le plus répandu dans le pays, et en a conclu que les parents sont désormais plus susceptibles de fumer de l’herbe que leurs adolescents d’enfants. Entre 2002 et 2014, la consommation de cannabis a baissé de 10% chez les 12-17 ans, alors qu’elle a augmenté chez les adultes de plus de 18 ans… et jusqu’à +455% chez les 55-64 ans !
Le mois précédant leur participation à l’étude, en 2014, les 12-17 ans étaient en effet 7,4% à avoir fumé (contre 8,2% en 2002), alors que les 35-44 ans étaient 8% (contre 5,6% en 2002), les 45-54 ans étaient 5,9% à avoir fumé (contre 4% en 2002) et les 55-64 ans étaient 6,1%, mais ils n’étaient que 1,1% à avoir fumé le mois précédent en 2002. Les seuls groupes qui dépassent la consommation des ados sont les 18-25 ans et les 26-34 ans, mais, pour les 18-25 ans, c’était déjà le cas en 2002. Tout cela signifie que, si la consommation effective de cannabis par les adultes n’est pas nécessairement supérieure à celle des ados, la tendance dit l’inverse.
Légalisation de l’usage thérapeutique dans 25 Etats
Les données montrent néanmoins que la perception du risque potentiel de fumer du cannabis, pour la santé et légaux, a baissé sur ces douze années parmi les personnes âgées de 12 à 25 ans, contrairement aux plus de 26 ans. Les adolescents ont également davantage rapporté acheter leur propre drogue, alors qu’ils l’obtenaient plutôt gratuitement par des amis auparavant – et étaient tributaires de la générosité d’autrui. L’accès à la marijuana est donc plus facile et leur paraît moins risqué, mais la consommation quotidienne (ou quasi) reste plus importante chez les plus de 18 ans que chez les adolescents. Les plus de 26 ans ont en outre davantage augmenté leur consommation quotidienne en douze ans que les 18-25 ans.
Le Washington Post suggère plusieurs explications à cette tendance. D’abord, la légalisation de l’usage thérapeutique du cannabis dans 25 Etats a permis à certains adultes de traiter douleurs chroniques ou troubles du sommeil. Le journal relève d’ailleurs que dans ces Etats, le recours aux antalgiques traditionnels est en baisse. Une autre piste résiderait, justement, dans l’âge des usagers de cannabis. Si les baby-boomers étaient plutôt partisans de la légalisation du cannabis dans les années 70, leurs responsabilités familiales et professionnelles les ont éloignés de cette revendication, qu’ils retrouvent maintenant qu’ils sont proches de la retraite. En 2013, indique ainsi le journal, la moitié des baby-boomers étaient favorables à la légalisation du cannabis.
Kim Hullot-Guiot
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