La présidente de transition centrafricaine Catherine Samba-Panza a prêté serment jeudi sur fond de violences persistantes qui illustrent l'ampleur de la tâche qui l'attend face aux tensions intercommunautaires et à une crise humanitaire d'ampleur.Depuis décembre, date du début de l'intervention militaire française aux côtés de forces africaines pour rétablir la sécurité dans le pays, les violences ont fait plus de 2.000 morts et un million de déplacés selon l'Onu.Mercredi, dix personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements selon des ONG présentes sur place.
Jeudi, c'est la mort d'un homme dans un camp de déplacés musulmans, tué par balle par des milices chrétiennes, qui a mis le feu aux poudres.Poussés par la colère, des manifestants, certains armés de machettes, se sont approchés d'un point de contrôle des forces françaises pour dénoncer le manque de protection dont pâtit selon eux la communauté musulmane, a rapporté Peter Bouckaert, directeur des urgences de Human Rights Watch."Nous n'avons pas vu les échanges de coups de feu mais nous avons vu (les manifestants) ramener un corps de l'endroit où ils étaient allés manifester, ils ont dit 'ce sont les Français, ce sont les Français'", a-t-il dit à Reuters, faisant état d'un autre homme blessé.
A Paris, le porte-parole de l'état-major des forces armées françaises, le colonel Gilles Jaron, a déclaré que la force Sangaris avait été prise à partie à 09h00 à PK12 par un groupe d'individus armés. "L'armée française a riposté, touchant un des membres du groupe", a-t-il dit, ajoutant ne pas être en mesure de confirmer la mort de cet homme.
CONTEXTE TENDU
C'est dans ce contexte tendu que la nouvelle présidente a prêté serment lors d'une cérémonie au palais de l'Assemblée nationale à Bangui à laquelle a assisté, entre autres, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Première femme élue à la tête de la Centrafrique depuis l'indépendance du pays en 1960, l'ancienne maire de Bangui a dit mardi son intention d'ouvrir le dialogue avec les représentants des groupes armés pour tenter de ramener le calme dans le pays.Des élections sont prévues au plus tard d'ici février 2015.
Reçu jeudi par François Hollande à Paris, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, a appelé à l'aide de la communauté internationale pour reconstruire l'Etat centrafricain."Cela permettra de préparer les élections dans de bonnes conditions afin que demain on puisse être heureux de dire que l'élection a été crédible, que l'élection a été transparente, comme nous venons de le vivre avec l'élection de notre présidente où le vaincu a salué celle qui a gagné et tous se sont embrassés", a-t-il dit à la sortie de l'Elysée.
"Beaucoup de gens sont sans nourriture, cela fait deux années maintenant que les gens ne plantent plus, si rien n'est fait, (s'il n'y a) pas de sécurité, et bien nous allons vers la famine".Réunis lundi à Bruxelles, pays donateurs et organisations internationales ont promis près d'un demi-milliard de dollars d'aide humanitaire à la République centrafricaine.
RENFORTS EUROPÉENS
Sur le terrain, la présence de 1.600 soldats français et de 5.000 soldats africains n'a pas permis pour l'heure d'apaiser les tensions dans le pays et les affrontements entre miliciens chrétiens anti-balaka et ex-rebelles de la Séléka, à majorité musulmane, se poursuivent."Les pics de violence tels que nous avons pu les connaître aux alentours du 24-25 décembre et dans les premiers jours de janvier ne sont pas des schémas que nous retrouvons aujourd'hui à Bangui, mais cela ne veut pas dire que le calme est rétabli", souligne le colonel Jaron.
"La tension a tendance aujourd'hui à se focaliser sur les sorties nord de Bangui, à hauteur du PK12", un quartier de la capitale, et en d'autres points. "En cela on peut dire qu'il s'agit d'un calme extrêmement précaire", ajoute-t-il.Dans une interview au Parisien-Aujourd'hui en France publiée jeudi, la présidente de transition dit avoir besoin de plus de soldats pour sécuriser le pays.Répétant qu'aucun renfort français n'était pour l'heure à l'ordre du jour, Laurent Fabius a estimé qu'il incombait désormais à "la communauté internationale de se mobiliser."L'Union européenne a annoncé l'envoi d'une force de 500 militaires. Elle sera basée dans les environs de Bangui et devrait rester sur place pendant six mois avant de passer le relais à la force de l'Union africaine.
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