Une marche rassemblant environ 300 étrangers a été dispersée mercredi par les forces de l'ordre à Durban, dans l'est de l'Afrique du Sud. Ces travailleurs migrants dénonçaient la montée de la xénophobie, trois semaines après qu'un Congolais a été brûlé vif dans la ville.
Environ 300 étrangers se sont rassemblés à Durban mercredi 8 avril, pour dénoncer la xénophobie. Vidéo prise par notre Observateur.
"Les étrangers se sentent en insécurité à Durban"
Modeste Kande (pseudonyme), originaire de la RD Congo, est arrivé en Afrique du Sud il y a dix ans. Il habite à Durban, où il a participé au rassemblement mercredi 8 avril.
Au rassemblement , il y avait des Congolais, des Nigérians, des Burundais, des Rwandais, des Éthiopiens, des Somaliens, des Mozambicains, des Ougandais…
À la base, notre manifestation était autorisée par les autorités. Mais elle a été interdite au dernier moment, et sans même que l'on soit averti. Du coup, la police est intervenue. Elle a utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène contre nous. On a quand même pu marcher un peu, mais c’était compliqué. Les policiers ont donné des coups de matraque. J’ai vu deux personnes qui saignaient.
À un moment, des Sud-Africains assez menaçants sont venus vers vous. Ils n’étaient pas nombreux, mais ils avaient visiblement l’appui des policiers. Je me suis retrouvé face à une dame qui avait une grosse pierre, avec laquelle elle voulait me cogner. Mais il n’y a pas eu d’affrontements à proprement parler puisqu'on a tous fui, car il y avait vraiment beaucoup de gaz lacrymogène...
À travers cette marche, on voulait dénoncer la xénophobie. Les étrangers se sentent en insécurité ici. Le 16 mars dernier, un ami congolais a été brûlé vif, alors qu’il tentait de s’interposer dans une bagarre. [Cet homme, originaire de la RD Congo, travaillait dans une boîte de nuit où il assurait la sécurité. Selon des témoins, plusieurs personnes l’auraient aspergé d’essence, avant de le brûler, NDLR] Et ce n’est pas la première fois que ça arrive. Moi-même, j’ai été poignardé, il y a quatre ans.
Certains étrangers possèdent des boutiques, des voitures, se marient avec des Sud-Africaines… Donc certains hommes sud-africains disent qu’on prend leur travail et qu'on vole leurs femmes. Il existe une certaine jalousie, qui peut s'avérer dangereuse.
La marche du 8 avril intervient dans un contexte tendu pour les étrangers à Durban, et plus généralement en Afrique du Sud, bien que les autorités refusent de parler de xénophobie, préférant évoquer la criminalité.
La semaine dernière, environ 250 étrangers – pour la plupart originaires de RD Congo – ont fui leur domicile et se sont réfugiés dans un poste de police local, après avoir été la cible d'une série d'attaques à Isipingo, au sud de Durban. Le gouvernement a néanmoins réagi dimanche en assurant qu'il leur viendrait en aide. À la mi-mars, le roi de la nation zoulou, Goodwill Zwelithini – l'un des leaders traditionnels les plus influents de la province du KwaZulu-Natal, où se situe Durban – avait déclaré que les étrangers devraient faire leurs valises et rentrer chez eux.
En janvier, des centaines de magasins appartenant à des étrangers avaient été pillés et saccagés à Soweto, un township de Johannesburg, et causé la mort de six personnes. C’est là qu’une vague de violences contre les étrangers avait fait 62 morts et des centaines de blessés en 2008.
Cet article a été rédigé en collaboration avec Chloé Lauvergnier (@clauvergnier), journaliste à France 24.
6 Commentaires
Vu......
En Avril, 2015 (23:07 PM)Man Dali
En Avril, 2015 (02:01 AM)Bi
En Avril, 2015 (02:30 AM)Senghor4502
En Avril, 2015 (03:07 AM)Anonyme
En Avril, 2015 (05:46 AM)Anonyme
En Avril, 2015 (08:38 AM)Participer à la Discussion