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Afrique

Valse des ambassadeurs tunisiens à l’ONU : Kaïs Saïed critiqué

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Le président tunisien Kaïs Saïed, le 13 janvier 2020
L’ambassadeur de la Tunisie à l’ONU, Kaïs Kabtani, s’est retiré de la vie diplomatique après l’annonce de son transfert, après seulement cinq mois.

Un ambassadeur en chasse un autre à la tête de la représentation tunisienne de l’Onu à New-York. Tunis y a en effet connu deux remplacements en un an !

Comme son prédécesseur, Moncef Baati, nommé à ce poste en septembre 2019 et limogé le 6 février dernier (sur fond de polémique autour du « deal du siècle » de Donald Trump pour la Palestine), c’est au tour de Kaïs Kabtani d’être remercié. Lui non plus n’aura pas dépassé la barre des six mois (du 28 mars au 09 septembre).

Il devrait être remplacé par Nejmeddine Lakhal, en poste à New Delhi.

Interrogations

Cette valse des ambassadeurs soulève interrogations et critiques. Car les deux sortants étaient missionnés à un moment crucial pour la diplomatie de ce petit pays qui siège, depuis janvier, parmi les dix membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour un mandat de deux ans.

D’autant plus que Kabtani avait enregistré un certain succès en négociation aux côtés de la France, avec une résolution appelant au cessez-le-feu dans les pays en conflit du fait de la pandémie de Covid-19. Une première pour la Tunisie. C’est pourtant Carthage qui est crédité de ce succès dans un communiqué du ministère tunisien des Affaires étrangères (MAE).

Officiellement, le ministère évoque le transfert de son ambassadeur « dans le cadre du mouvement annuel des chefs de missions diplomatiques » et d’une « évaluation globale ». Le MAE assure par ailleurs que cela n’affectera en rien l’activité de sa mission.

                                  "KAÏS KABTANI MET EN CAUSE L’ENTOURAGE DU CHEF DE L’ÉTAT"

Mais Kaïs Kabtani n’a guère goûté ce changement. Dans une déclaration à l’AFP, il met en cause l’entourage du chef de l’État et assure même avoir perdu confiance en ce dernier.

La directrice de cabinet du président, Nadia Akacha, est particulièrement pointée par les commentateurs de la vie politique tunisienne, qui soulignent son manque de compétences en termes de gestion administrative, voire son autoritarisme.

De son côté, l’ancien directeur de cabinet de l’ex-président Moncef Marzouki va jusqu’à accuser Carthage de détruire la diplomatie tunisienne, de manquer de vision et de mener une politique impulsive.

Défiance réciproque

« Avec l’affaire Baati, on s’est retrouvés plongés dans une série indécente de communiqués et de contre-communiqués de Carthage, le tout dans une ambiance de querelle indigne de la fonction présidentielle », regrette un ancien diplomate tunisien.

« Cela a créé une défiance réciproque avec le MAE. Ce qui explique que le départ de Kabtani a tout de suite fait remonter à la surface celui de son prédécesseur », poursuit-il. Et de dénoncer la sortie de listes préliminaires du mouvement des diplomates dans la presse, avant même que les principaux intéressés ne soient prévenus.

                                  "TOUT CELA DONNE L’IMPRESSION QUE LES AUTORITÉS TUNISIENNES AGISSENT DE MANIÈRE BROUILLONNE"

« Tout cela donne l’impression que les autorités tunisiennes agissent de manière brouillonne. Sans compter que ces décisions coûtent cher à l’État, alors qu’on est en période d’austérité, car les déménagements se paient en devises », dénonce encore notre source.

Ce rappel, qui intervient en plein changement d’exécutif, laisse penser que Kabtani, candidat du désormais ex-ministre des Affaires étrangères Noureddine Rai, n’avait pas la confiance de son remplaçant Othman Jerandi.

Mais cela génère aussi de la confusion auprès des représentations d’autres pays. « Des nominations à un poste comme celui d’ambassadeur auprès de l’ONU sont évidemment politiques. Mais c’est contre-productif et peu habituel d’effectuer de tels mouvements quand on change de gouvernement », commente un diplomate européen.

« La continuité est assurée mais il est nécessaire d’avoir un interlocuteur stable et de confiance pour pouvoir avancer dans des négociations aussi compliquées que celles du Conseil de sécurité », ajoute-t-il.

Le cas de New York est loin d’être le seul à créer de l’incertitude. Plusieurs légations de Tunisie sont restées de longs mois en souffrance, sans ambassadeur ni consul. De quoi alimenter la confusion auprès de pays partenaires clefs comme la France.


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