La Tunisie est « en état d’urgence économique » avec une croissance atone et des finances publiques « en grande difficulté », a prévenu mercredi un ministre à l’approche d’une conférence internationale des investisseurs à Tunis.
« La situation imposerait que l’on commence à investir dans ce pays. Si la Tunisie est en état d’urgence contre le terrorisme, il faudrait que tout le monde comprenne qu’on est aussi dans un état d’urgence économique », a dit le ministre de l’Investissement, Fadhel Abdelkéfi, lors d’une rencontre organisée par la chambre de commerce tuniso-britannique.
« La situation macro-économique du pays est extrêmement inquiétante », a-t-il ajouté.
M. Abdelkéfi a notamment évoqué un déficit public « abyssal » à 6,5% du PIB « et une dette (publique) de 63% (du PIB) qui a plus que doublé en cinq ans ». Dans le même temps, il a relevé que la croissance en 2016 serait inférieure à 1,4%, loin des 2,5% escomptés.
Le ministre a notamment déploré la forte hausse, depuis la révolution de 2011, de la masse salariale dans la fonction publique, passée selon lui « de 6 milliards de dinars (2,5 milliards d’euros) à 13 milliards » (5,3 mds EUR).
Devant un parterre d’hommes d’affaires, Fadhel Abdelkéfi a toutefois exprimé la détermination du nouveau gouvernement, entré en fonctions début septembre. « On va essayer d’arrêter cette spirale destructrice de la Tunisie », a-t-il dit.
« On va s’attaquer au mal (…) J’ai un espoir énorme dans ce pays », a assuré M. Abdelkéfi.
Dans une interview diffusée mercredi soir par la chaîne nationale, le Premier ministre Youssef Chahed a annoncé qu’une loi dite d »urgence économique » va permettre durant trois ans « des facilités administratives pour les projets nationaux prioritaires » qui ont « une grande capacité » de recrutement surtout dans l’intérieur du pays.
La Tunisie, qui a pâti de son instabilité post-révolutionnaire, compte sur la conférence des investisseurs des 29-30 novembre, en présence de plus d’un millier d’entreprises, pour améliorer son attractivité.
Un nouveau code de l’investissement censé favoriser le climat des affaires entrera en vigueur au 1er janvier.
L’unique pays rescapé des Printemps arabes est confronté à d’importantes difficultés économiques et de fréquents mouvements sociaux. Il a signé en mai un nouveau plan d’aide de 2,6 milliards d’euros sur quatre ans avec le Fonds monétaire international (FMI).
La Tunisie a aussi été le théâtre en 2015 et début 2016 d’une série d’attaques jihadistes sanglantes qui ont ravagé son secteur touristique. L’état d’urgence est en vigueur depuis 10 mois et a récemment été prolongé pour 30 jours.
0 Commentaires
Participer à la Discussion