Un jeune Tchadien a été tué par balle dimanche après-midi alors qu’il manifestait à N’Djamena à l’appel de l’opposition contre le régime du président Idriss Deby Itno, qui doit être investi lundi pour un cinquième mandat, a-t-on appris de source policière.
Selon un officier de police sous couvert d’anonymat, « un jeune homme qui avait déchiré le drapeau du MPS (Mouvement patriotique du Salut) », le parti du président Deby, « a été tué par balles » dimanche après-midi lors d’une manifestation de l’opposition préalablement interdite par le pouvoir.
Le corps du manifestant a ensuite été amené à la morgue, a précisé cette source.
Le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, a lui fait état d’un mort ayant succombé à ses blessures en fin de journée après « des tirs à balles réelles des forces de l’ordre » pour disperser les manifestants dans le 7e arrondissement de N’Djamena.
Selon l’opposant, un autre jeune a également été « touché par une balle au thorax » avant d’être conduit à l’hôpital pour être opéré. Cette information n’a pu être confirmée de source indépendante.
La manifestation a dans un premier temps été dispersée à coups de gaz lacrymogènes sans « véritable violences », a expliqué à l’AFP M. Kebzabo. « Plusieurs de nos militants étaient très remontés après qu’on nous ait empêché de marcher et ils sont retournés manifester. Ils ont été à nouveau dispersés. Un autre petit groupe est reparti à la charge, et là ça a dégénéré », a-t-il dit.
Comme la veille, où un meeting avait été dispersé par la police anti-émeute, l’opposition avait décidé de maintenir sa « marche pacifique » pour contester la réélection du chef de l’Etat, malgré l’interdiction décrétée par le pouvoir.
Le ministre de l’Intérieur Ahmat Mahamat Bachir avait affirmé jeudi à l’AFP que la marche était « de nature à perturber l’ordre public, déstabiliser la population et intoxiquer l’opinion publique ».
Les manifestants devaient emprunter quatre itinéraires différents, pour converger vers le Palais du 15 janvier (ex-Assemblée nationale).
Un important dispositif de forces de l’ordre quadrillait la capitale, et seul le Carrefour Dendé a finalement rassemblé une centaine de jeunes en début d’après-midi, a constaté un journaliste de l’AFP.
M. Deby, réélu en avril dès le premier tour avec près de 60% des voix, tient son pays d’une main de fer depuis son arrivée au pouvoir par la force en 1990.
La cérémonie d’investiture doit se dérouler lundi en présence d’une dizaine de chefs d’Etats africains et d’autres invités comme le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, arrivé dimanche soir.
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