Vingt ans après sa disparition, Julius Nyerere (1922-1999), président de la République Unie de Tanzanie entre 1964 et 1985, continue de survivre à travers ses idées dans un pays qu’il a voulu transformer en laboratoire d’une vision endogène du développement. L’évocation de la mémoire du père de l’indépendance de ce pays d’Afrique australe suscite auprès de nombre de ses compatriotes, admiration, respect et reconnaissance de son œuvre et de ses actions.
Il en est ainsi de plusieurs d’entre eux interrogés par l’envoyé spécial de l’Agence de presse sénégalaise en marge de la tenue dans ce pays de la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans (CAN U20, 14 au 28 avril). "Oui, il continue de vivre parmi nous et dans tous les bâtiments officiels, vous trouverez sa photo à côté de celle du président en exercice John Magufuli", indique le journaliste Evance Mhando de la Télévision publique (TBC).
"A jamais, il restera l’inspirateur des grandes politiques en réussissant à renforcer l’unité nationale et en montrant aux populations qu’il était possible de compter sur ses propres moyens", ajoute-t-il. A travers la politique agricole mise en oeuvre par celui qui était appelé le "Mwalimu", la Tanzanie vit désormais de ses propres ressources agricoles, se réjouit le reporter sportif.
"C’est important et cela a toujours été son rêve même si pendant son exercice, sa politique agricole adossée à la collectivisation des fermes agricoles, n’a pas toujours donné les résultats escomptés", a-t-il par ailleurs ajouté. Nyerere a de même laissé un bel héritage pour la Tanzanie et l’Afrique de l’Est à travers sa volonté de créer une union politique avec le Kenya et l’Ouganda et l’ensemble du continent africain, poursuit Evance Mhando.
"Moi, je suis très fière de lui et c’est un personnage de la dimension de Nelson Mandela", glisse Prisca Kishimba de Clouds Media Group (privé). "Oui, je le mets à ce niveau pour tout ce qu’il a fait pour notre pays qu’il a aidé à se libérer des puissances occidentales", explique la jeune journaliste à propos du président Nyerere qui avait rompu avec la Grande-Bretagne et les puissances occidentales au profit de la Chine.
S’il a été très proche de l’Empire du Milieu qui l’a aidé en conséquence lors de son conflit territorial contre l’Ouganda d’Idi Amine Dada à la fin des années 1970, Julius Nyerere a voulu mettre en place son propre socialisme à travers "l’Ujamaa", basé sur le collectivisme. "Des communautés villageoises sont organisées sur des principes collectivistes et des incitations financières encouragent la formation de coopératives", apprend-on.
"Sans aucun doute. Il est toujours présent parmi nous. En plus de l’enseignement de sa philosophie politique dans les écoles, on voit son image partout", assure Alex, enseignant à la DUCE (Dar-es-Salam University college of Education). En plus de ses discours que les jeunes continuent à écouter à travers des archives sonores, on voit ses photos partout et, dans sa ville natale, un musée a été érigé, tandis que la journée du 14 octobre, date de son décès, est férié en Tanzanie, rapporte l’enseignant.
Pour cet enseignant, l’héritage le plus conséquent de Nyerere est d’avoir réussi à imposer le swahili comme langue commune et de travail en Tanzanie, le swahili étant enseigné à l’école primaire. "Nous avons plus de 300 ethnies dans ce pays et vous n’entendez aucune autre langue si ce n’est le swahili", a-t-i rappelé, soulignant que cette langue a permis l’éducation de la population et de renforcer le sentiment d’appartenance à la Tanzanie.
De toute façon, on lui doit une fière chandelle, ajoute l’étudiant Okram, volontaire lors de la CAN U17. "Nyerere est parti mais sa philosophie lui a survécu. Même s’ils ne le disent, pas ses successeurs ont largement profité de ses idées", a indiqué l’étudiant de 23 ans, estimant que les hommes politiques tanzaniens ont poursuivi les politiques agricoles de leur illustre prédécesseur.
Il y a aussi qu’ils "tentent actuellement l’industrialisation en profitant des grandes avancées sur le plan agricole", croit savoir le jeune homme. Etudiant en diplomatie, Rahim se réjouit de l’héritage de Nyerere qui a prôné l’unité africaine après avoir jeté les bases de l’union dans son propre pays entre le Tanganyika et Zanzibar en 1964. "Actuellement, on ne parle ni de religion, ni d’ethnie dans notre pays et c’est grâce à lui", applaudit le jeune Tanzanien, se félicitant qu’avec le swahili, tous les citoyens de son pays peuvent contribuer à son développement.
"Nous réussissons à contrôler l’action du gouvernement", a-t-il dit soutenant que la plus grande réussite, c’est d’avoir ancré dans les mentalités "l’impérieuse nécessité pour les populations de s’éduquer pour atteindre l’émancipation personnelle". L’enseignant Alex de faire observer que le taux d’alphabétisation en Tanzanie tourne autour de 72 pour cent grâce à cet homme qui a donné son nom à l’aéroport international de Dar-Es-Salam.
"C’est le meilleur hommage qu’on lui a rendu en donnant son nom à l’aéroport, c’est le signe de son importance quand on entre dans notre pays, le voyageur est frappé par cette première image et en sortant, la même chose", philosophe Evance Mhando. SD/AKS/BK
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