En quelques jours de manifestations au Soudan, au moins 37 personnes ont été tuées par les forces de sécurité soudanaises. Le mouvement a été déclenché par la décision du gouvernement d'augmenter le prix du pain par trois.
Le prix du pain a triplé au Soudan, passant de 1 à 3 livres soudanaises (2 à 6 centimes). Une décision récente du gouvernement qui a mis le feu aux poudres. Depuis bientôt une semaine, la contestation gronde dans le pays dirigé d'une main de fer par Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989. D'après Amnesty International, 37 manifestants ont été «abattus» par les forces de sécurité.
Pour les responsables, «seulement» 8 personnes ont été tuées. L'opposition soudanaise compte, elle, trois fois plus de victimes. Le leader du principal parti d'opposition et ancien chef du gouvernement, Sadek al-Mahdi, a recensé 22 victimes, dénonçant la «répression armée» des autorités.
Médecins et enseignants en grève
Le mouvement de colère touche depuis mercredi une dizaine de villes après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en grandes difficultés économiques. Lundi, de nouvelles manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes de l'État d'Al-Jazeera, au sud de Khartoum. Un appel à la grève a également été lancé en début de semaine, par un rassemblement de professionnels de différents secteurs. Hôpitaux et universités étaient fermés lundi. Enseignants, médecins, journalistes, avocats et d'autres professionnels, se sont joints au mouvement. L'opposition a appelé à la grève générale ce mardi, le cortège entend demander la démission du président.
Omar el-Béchir a réagi lundi soir à ce qui est l'une des plus importantes contestations de son pouvoir en trois décennies. Il a promis de «vraies réformes». «L'État va entreprendre de vraies réformes pour garantir une vie digne aux citoyens», a déclaré le chef d'État, âgé de 74 ans. Il a également appelé «les citoyens à ne pas croire ce que disent» les leaders du mouvement.
«Le peuple veut la chute du régime»
Omar el-Béchir est à la tête de l'État depuis 1989 et le coup d'État qu'il a fomenté contre Sadek al-Mahdi, le dernier chef de gouvernement démocratiquement élu. Considéré comme un dirigeant autoritaire et imprévisible, il est suspecté par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide au Darfour (Ouest). Contrairement à sa promesse de ne pas se présenter à la présidentielle de 2020, il a été investi par son parti en octobre.
À ce contexte politique, s'ajoute une situation économique extrêmement tendue, surtout depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Le pays s'est retrouvé amputé des trois quarts de ses réserves d'or. L'inflation est de près de 70%, la monnaie s'est effondrée et le Soudan ne peut donc plus importer des biens de première nécessité.
En plus des revendications contre la «cherté» de la vie, de nouveaux slogans sont apparus dans les manifestations, comme «Le peuple veut la chute du régime», tiré du Printemps arabe de 2011. Ces protestations font écho aux rassemblements de «gilets jaunes» libanais dimanche dans le centre-ville de la capitale Beyrouth mais aussi dans d'autres régions du pays. Les protestataires réclament une baisse des impôts, du prix des carburants et la lutte contre la corruption.
3 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2018 (16:34 PM)Anonyme
En Décembre, 2018 (17:18 PM)Anonyme
En Décembre, 2018 (19:23 PM)Participer à la Discussion