Les Etats-Unis continuent à mettre la pression sur le pouvoir sud-soudanais. Après avoir lancé un embargo sur les armes en février, Washington vient de sanctionner 15 compagnies pétrolières du pays. Pour les Américains, il s’agit d’attaquer Juba au portefeuille pour contraindre le pouvoir à agir pour la paix.
Washington dit avoir choisi quinze entités dont les revenus contribuent à la crise au Soudan du Sud. Heather Nauert, porte-parole du département d’Etat, a expliqué que « le gouvernement sud-soudanais et des acteurs officiels corrompus utilisent cet argent pour acheter des armes et financer des milices non régulières qui sapent la paix, la sécurité et la stabilité ».
Parmi les quinze cibles, on trouve le ministère sud-soudanais des Mines, celui du Pétrole, l’entreprise d’Etat Nile Petroleum ou encore Dar Petroleum Operating Company, une entreprise gérée par un consortium sino-malaisien.
Les entités ne voient pas leurs fonds gelés aux Etats-Unis mais sont désormais soumises à une autorisation spéciale pour faire du commerce avec les Américains.
Washington vise le pétrole, secteur vital pour l'économie du Soudan du Sud. Il représente l’essentiel de ses exportations et 60% de son produit intérieur selon la Banque mondiale. En plus l’an dernier, Juba avait annoncé qu’il souhaitait doubler sa production pétrolière cette année et passer à 290 000 barils par jour.
Washington, premier bailleur de fonds au Soudan du Sud, appelle d’ailleurs au passage ses partenaires à prendre les mêmes mesures. « C’est une décision contre-productive qui ne facilite pas la restauration de la paix et de la stabilité », a réagi le ministre sud-soudanais du Pétrole.
Pour Felwine Sarr, la proposition de M. Macron est "une opportunité à ne pas rater" car "rien n'oblige la France à rendre ces oeuvres". "Si elle l'accepte, c'est qu'il existe une véritable ambition politique à réinventer la relation par rapport à l'histoire coloniale."
Jusqu'à présent, Paris a opposé une fin de non-recevoir à la plupart des demandes. Ainsi, lorsque le président béninois Patrice Talon réclame officiellement la restitution d'une partie du patrimoine de son pays en juillet 2016, le gouvernement lui répond qu'elle "n'est pas possible" car, "conformément à la législation", ces oeuvres sont soumises "aux principes d'inaliénabilité, d'imprescriptibilité et d'insaisissabilité".
- "Boîte de Pandore" -
Faire évoluer la loi française est l'une des questions les plus sensibles que doivent examiner Bénédicte Savoy et Felwine Sarr avec l'aide de juristes, de responsables de musées, d'experts du marché de l'art et d'universitaires. "Le droit devra inventer des solutions, comme il a pu le faire pour des biens spoliés pendant l'époque nazie", souligne l'historienne.
"Nous allons prendre en compte les oppositions", notamment les opinions de ceux qui, en France, "craignent qu'on ouvre la boîte de Pandore", assurent les deux chercheurs. Car, pour Felwine Sarr, "il faut faire attention à ne pas créer une blessure dans les milieux nationalistes", qui pourraient accuser le pouvoir de brader le patrimoine.
Leur mission se concentre uniquement sur l'Afrique saharienne et sub-saharienne et ne concerne donc pas les oeuvres de l'Antiquité grecque ou venues d'Asie.
Pays le plus demandeur, le Bénin cherche à récupérer une partie des trésors du Royaume du Dahomey - trônes royaux, récades (sceptres royaux), portes sacrées du Palais d'Abomey... - accaparés lors des batailles coloniales entre 1892 et 1894, mais aussi par des missionnaires ou des missions culturelles. Entre "4.500 à 6.000 objets sont en France, y compris dans des collections privées", selon des estimations béninoises.
"Nous le demandons non pas dans un esprit de conflit, mais de coopération avec la France", notamment pour "faire du tourisme un pilier majeur de l'économie béninoise", a expliqué M. Talon en étant reçu le 6 mars à l'Élysée.
Pour Bénédicte Savoy, l'initiative française va "certainement avoir des conséquences dans d'autres pays européens", comme en Allemagne, en Grande-Bretagne ou au Vatican, qui possèdent les plus riches collections africaines. A Berlin, où cette historienne de l'art enseigne à la Technische Universität, "il y a un débat considérable sur la question de l'origine des oeuvres" à l'occasion de l'ouverture prochaine du grand musée ethnologique Humboldt Forum.
2 Commentaires
Jiggy
En Mars, 2018 (04:09 AM)Latdior2012
En Mars, 2018 (09:09 AM)Participer à la Discussion