L'ONU a adopté mercredi 8 juin une déclaration politique pour mettre fin à l'épidémie du Sida d'ici 2030. Le texte est jugé insuffisant par de nombreuses ONG : elles estiment qu'il ne prend pas assez en compte les populations les plus vulnérables au VIH, notamment en Afrique.
Ce devait être une grande réunion réaffirmant la volonté d'éradiquer le sida d'ici 2030. Mais pour la société civile, c'est surtout énorme occasion manquée.
Deux ONG camerounaises pro-LGBT se sont ainsi vues interdire l'accès sous la pression du Cameroun et de l'Organisation de la coopération islamique, mais aussi de la Russie et de l'Egypte. Et ces deux derniers pays ont tout fait pour affaiblir la déclaration adoptée. Celle-ci ne mentionne que deux fois seulement les populations les plus vulnérables.
« Régression en termes de priorités, priorité pour tout ce qui est prévention, accès aux soins et même en terme de financement. Parce que si on est plus prioritaire, ça veut dire que les populations pour lesquelles nous travaillons n'auront plus ou alors très peu accès au financement pour pouvoir éradiquer le virus d'ici 2030 », peste Yves Yomb coordinateur de l'association Africa gay contre le Sida.
« On est très choqué »
Les ONG pointent également la stérilité des débats. « On est très surpris de voir ce qui arrive, on est très choqué », explique Serge Douamong Yotta. Le membre du Réseau affirmative action à Yaoundé précise qu’il ne pouvait « pas imaginer » que le débat porterait « sur des questions de cibles ».
« On pouvait débattre peut-être sur les nouveaux outils de prévention ? Comment l'Afrique va avoir accès aux médicaments ? Comment est-ce qu'on pourrait nous même produire nos médicaments ? On perd du temps encore à définir les cibles, c'est vraiment lamentable », lance-t-il. L'objectif d'un monde sans sida en 2030 semble très compromis...
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