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Afrique

RDC : inquiétudes, fausses rumeurs et vraies craintes sur la situation financière du pays

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Le port de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, vu du ciel, le 20 septembre 2016.

Des médias congolais ont fait état mardi 18 juillet d'une suspension des paiements de l'État au niveau de la Banque centrale du Congo (BCC). La rumeur, démentie par la BCC, trahit la fébrilité économique du pays, qui risque d'entrer en défaut de paiement à cause de la pénurie en devise.

« L’économie congolaise se porte très mal », a reconnu, dans une allocution prononcée lundi 17 juillet le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, qui a annoncé une série de mesures de lutte contre la fuite de capitaux.

De fait, le risque de défaut de paiement pour le pays est très élevé. Cette semaine, plusieurs médias congolais ont rapporté que les paiements de l’État étaient suspendus au niveau de la BCC, jusqu’à nouvel ordre. Une information démentie par la Banque centrale.

Important déséquilibre économique

Selon plusieurs sources, il y a néanmoins bien eu quelques retards de paiement, provoqués par le faible niveau de devises. Dans un communiqué daté du 5 juillet dernier, la Banque centrale du Congo faisait état de réserves de changes équivalentes à 3,11 semaines d’importations de biens et services, un niveau très inquiétant.

Cet « important déséquilibre économique », selon les mots du gouverneur, a été causé par la chute des cours des matières premières. Celle-ci a entraîné une baisse des rapatriements des recettes d’exportation et in fine, une diminution de l’offre des devises. Avec, pour conséquence, une dépréciation de la monnaie nationale et une hausse de l’inflation.

Hausse de l’inflation et dépréciation du franc congolais

Ainsi, dans son allocution, le gouverneur de la Banque centrale du Congo relève que, sur le marché des biens et services, « les prix à la consommation ont enregistré une hausse de 38,4% en rythme annuel à la fin des six premiers mois de l’année ».

Le gouverneur s’inquiète également de l’accélération du rythme de dépréciation du Franc congolais depuis juin 2017. Au premier semestre 2017, les cours indicatifs et parallèles du Franc congolais se sont respectivement dépréciés de 27% et 30%, selon les chiffres de la BCC.

Remontée des cours du cuivre et du cobalt

Cette dégradation de la situation financière du pays est d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans un contexte de remontée des cours du cuivre et du cobalt. « La poursuite de cette tendance devrait contribuer à améliorer le solde de la balance des paiements de la République [démocratique du Congo] et drainer au pays des devises nécessaires à la stabilisation du cadre macroéconomique », soulignait la BCC dans son communiqué du 5 juillet.

Le pays continue à subir la pénurie des devises et voit sa situation économique s’aggraver

Or, « le pays continue à subir la pénurie des devises et voit sa situation économique s’aggraver », constate le gouverneur de la Banque centrale, qui impute cette situation aux pratiques de certaines entreprises minières « qui ont pour conséquence d’institutionnaliser la fuite des capitaux ».

Fuite des capitaux

Pour pallier ce problème, le gouverneur a annoncé un renforcement des dispositions réglementaires concernant les rapatriements des revenus des exportations minières et les mouvements des comptes principaux à l’étranger, avec, notamment, un durcissement des mesures disciplinaires à l’encontre de ceux qui ne respecteraient pas le code minier.

 Le gouvernement doit intensifier le plaidoyer auprès du FMI et envoyer des gestes politiques forts, comme la publication d’un calendrier électoral

À court terme, la mesure risque d’être insuffisante, comme l’atteste le récent appel du pied du gouvernement au FMI. Le Premier ministre congolais avait demandé, le 12 juin dernier, à l’institution de Bretton Woods, « un soutien financier dans le cadre de la Facilité de crédit rapide (FCR) ».

Mais le FMI semble vouloir conditionner son aide à un déblocage de la situation politique, alors que le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a récemment annoncé un report des élections présidentielle et législatives au-delà de 2017.

L’institution financière a certes proposé d’envoyer l’une de ses équipes dans le pays au cours du mois de septembre, afin de « dresser un bilan actualisé de la situation économique » et d’« évaluer les besoins financiers du gouvernement », mais elle a précisé qu’« une trajectoire crédible vers la stabilité politique sera probablement un pré-requis ».

« Le gouvernement doit intensifier le plaidoyer auprès du FMI et envoyer des gestes politiques forts, comme la publication d’un calendrier électoral », résume Juvenal Munubo, député UNC à l’Assemblé nationale congolaise.



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