Alors que la maladie se concentre aujourd’hui dans les zones rurales du continent, une nouvelle espèce, en expansion, colonise les aires urbaines.
Des dizaines de millions d’habitants de villes africaines sont menacés par un moustique vecteur du paludisme originaire d’Asie et particulièrement adapté à l’environnement urbain, avertit une étude publiée lundi 14 septembre. Le paludisme est une maladie déclenchée par un parasite (Plasmodium falciparum ou vivax) transmis principalement par une quarantaine d’espèces de moustiques.
Environ 400 000 personnes en sont mortes en 2018, surtout des enfants, surtout en Afrique.
Sur ce continent, l’un des moustiques principaux est Anopheles gambiae, considéré comme l’animal le plus dangereux de la Terre, mais il n’aime pas les flaques d’eau polluées des villes et n’a pas appris à pondre ses larves dans les réservoirs urbains d’eau propre. En Afrique, le paludisme se concentre aujourd’hui dans les zones rurales.
Dans son étude publiée par la revue scientifique américaine PNAS, l’entomologiste médicale Marianne Sinka, chercheuse à l’université d’Oxford, cartographie l’expansion d’une autre espèce, l’anophèle stephensi, originaire d’Asie, et qui, elle, a appris à exploiter les réservoirs d’eau des villes (surtout ceux en ciment et en briques), où elle se faufile par le moindre trou pour y déposer ses larves. « C’est la seule espèce à avoir bien réussi à pénétrer les zones urbaines centrales », dit la scientifique à l’AFP.
Stephensi a provoqué un premier foyer à Djibouti en 2012, une ville où le paludisme n’existait quasiment plus, et a depuis été observé en Ethiopie, au Soudan et ailleurs.
Supprimer toute eau stagnante
Marianne Sinka a utilisé un modèle pour prédire les endroits d’Afrique où l’environnement était le plus adapté à l’introduction de ce moustique importé : des endroits à forte densité, où il fait chaud, et bien sûr avec des précipitations suffisantes. L’étude conclut que 44 villes sont « hautement adaptées » à l’insecte et que 126 millions d’Africains qui sont aujourd’hui épargnés sont à risque, principalement dans la région équatoriale.
« Les 40 % de gens qui vivent dans des zones urbaines pourraient soudain être vulnérables et infectés par le paludisme, ce serait très grave », avertit la chercheuse.
Comment s’en protéger ? Contrairement aux moustiques africains, qui aiment piquer les humains quand il fait plus frais – donc pendant la nuit –, des moustiquaires de lit seraient moins efficaces, selon elle, car stephensi aime piquer dès la soirée, quand il fait encore chaud.
Mieux vaut installer des moustiquaires aux fenêtres, imprégner les murs de produits insecticides et se couvrir le corps. Mais la mesure la plus essentielle est de viser les larves et donc de supprimer toute eau stagnante, ainsi que de bien fermer tout réservoir d’eau. C’est ce qui a fonctionné en Inde, rappelle Mme Sinka.
Le Monde avec AFP
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