Des hommes armés non identifiés ont attaqué le complexe lundi, permettant l'évasion spectaculaire des détenus de la prison d'Imo, dans le sud-est du pays.
Scènes de chaos dans le sud-est du Nigeria. Plus de 1 800 détenus se sont échappés lundi d'une prison de l'État d'Imo, après une attaque perpétrée par "des hommes armés", ont déclaré les services pénitentiaires du pays. "La prison d'Owerri (…) a été attaquée vers 2 h 15 du matin lundi par des hommes armés non identifiés, qui ont libéré de force 1 844 détenus", a indiqué dans un communiqué le porte-parole des services pénitentiaires nigérians, Francis Enobore.
"Des témoins ont raconté avoir vu un nombre important d'hommes armés à bord de pick-up (…), ils ont aussitôt attaqué le personnel de la prison avant de faire exploser la porte principale", explique ce communiqué. De son côté, le chargé de communication des prisons de l'État d'Imo, James Madugba, a confirmé l'attaque et affirmé que la "situation est sous contrôle", invitant les habitants à "continuer à vaquer à leurs affaires". L'État voisin d'Abia a mis en place un couvre-feu de 22 heures à 6 heures du matin à la suite de cette attaque, la plus importante contre une prison dans l'histoire récente du pays.
"Terroristes"
Le président Muhammadu Buhari a condamné cette attaque, qualifiant ses auteurs de "terroristes" et d'"anarchistes", sans toutefois nommer l'IPOB (The Indigenous People of Biafra), le groupe indépendantiste du Biafra, où se trouve l'État d'Imo. Le mouvement de l'IPOB affiche toujours des velléités séparatistes et a récemment montré des vidéos très impressionnantes d'une nouvelle milice (baptisée "Réseau sécuritaire de l'Est", ESN), dans lesquelles on peut voir des dizaines, voire des centaines de combattants à l'entraînement. Fin janvier, des violences avaient éclaté entre l'armée et des communautés locales, faisant au moins un mort.
Les tensions restent fortes entre les groupes indépendantistes biafrais et le pouvoir central, 50 ans après la terrible guerre civile (1967-1970) qui a fait près d'un million de morts, en majorité issus de l'ethnie igbo. Néanmoins, le porte-parole du groupe, Emma Powerful, a réfuté tout lien avec cette dernière attaque, dans un communiqué envoyé à l'Agence France-Presse, qualifiant toutes les informations de "mensongères" et "fallacieuses".
Le système judiciaire nigérian est particulièrement corrompu et lent, et plus de 70 % des détenus n'ont jamais eu de procès. Des dizaines de milliers d'entre eux croupissent, oubliés, derrière les barreaux des prisons à travers le pays. En octobre dernier, lors des manifestations contre les violences policières qui avaient dégénéré en émeutes, plusieurs prisons de l'État de Lagos avaient été attaquées, mais aucun détenu n'avait réussi à s'enfuir, selon les autorités.
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