Le principal opposant nigérien Hama Amadou, arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2016, a été condamné lundi à un an de prison ferme par la Cour d’appel de Niamey pour son implication dans un trafic international de bébés. Ses avocats ont indiqué qu'il ne comptaient pas en rester là.
Vivant en France depuis près d’un an, Hama Amadou n’a donc pas assisté à son procès. Il était poursuivi pour « complicité », avant que ce chef d’accusation ne soit requalifié en « recel d’enfant », selon la décision du juge.
« Des voies de recours »
Écroué durant quatre mois à son retour d’exil le 14 novembre 2015, Hama Amadou avait été évacué d’urgence pour raisons de santé le 16 mars 2016 en France, où il avait été soigné à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, quelques jours avant le second tour de la présidentielle remportée par le président sortant Mahamadou Issoufou.
« Il y a des voies de recours et nous allons les exercer », a assuré Me Boubacar Mossi, un des avocats de Hama Amadou.
Un procès d’une journée
Dans la matinée, à l’ouverture du procès qui n’aura duré qu’une journée, les avocats avaient suspendu leur participation, arguant que les procédures de convocation de Hama Amadou n’avaient pas été respectées. Les prévenus, eux, n’ont pas répondu aux questions.
« Hama Amadou réside en France, donc tous les actes de procédures doivent lui être envoyés en France (…) mais le juge a estimé qu’il faut examiner cette exception de nullité au fond », avait dénoncé Ali Kadri, un des avocats des prévenus.
« Nous ne pouvons pas accepter de continuer un procès où, dès le départ, on sent qu’on veut nous mettre devant le fait accompli, et nous avons quitté la salle » d’audience, a poursuivi Me Kadri.
« Ils veulent juger Hama et le condamner (…); l’objectif c’est de rendre une décision qui le rend inéligible pour les élections prochaines », prévues en 2021, a accusé Souley Oumarou, un avocat de Hama Amadou.
Des peines de 5 ans de prison
Cette affaire empoisonne le climat politique nigérien depuis deux ans. Une vingtaine de personnes sont accusées d’avoir participé à ce trafic de bébés, conçus au Nigeria puis amenés au Niger via le Bénin.
Parmi les personnes mises en cause figurent également l’ancien ministre de l’agriculture Abdou Labo (condamné lui aussi à un an de prison ferme), des banquiers, des hommes d’affaires, un officier de l’armée, ainsi que leurs épouses… Plusieurs d’entre eux ont écopé de 5 ans de prison.
Les accusés étaient notamment poursuivis pour « supposition d’enfants », un délit consistant à attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui ne l’a pas mis au monde.
Toutes les personnes ont été emprisonnées et accusées d’avoir participé à un trafic de bébés qui auraient été conçus au Nigeria puis amenés au Niger via le Bénin. Les personnes poursuivies avaient ensuite été remises en liberté conditionnelle.
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