Le secteur de l'hôtellerie et du tourisme occupe une place stratégique dans l'économie de nombreux pays, notamment en Afrique. Cependant, bien que souvent perçu comme un domaine de croissance et de développement économique, le secteur représente également une cible privilégiée pour les pratiques illicites telles que le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
C’est dans cette optique que l'atelier de renforcement des capacités de l'administration nationale du tourisme sur les normes de supervision des assujettis du secteur non financier, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a été organisé le 28 décembre 2024 à Bamako, au Mali. L'événement avait pour objectif principal d'approfondir les connaissances des acteurs du secteur sur les normes et les dispositifs nécessaires pour lutter efficacement contre ces fléaux.
Le blanchiment de capitaux fait référence à l’ensemble des procédés permettant de dissimuler l’origine illégale de fonds, souvent issus du trafic de drogues, de la corruption ou de diverses activités criminelles. Le financement du terrorisme, quant à lui, désigne l’utilisation de fonds pour soutenir des activités terroristes. Ces pratiques représentent une menace significative pour la stabilité économique et la sécurité d'un pays. Le secteur de l'hôtellerie et du tourisme, étant un secteur en contact constant avec des flux financiers importants, devient un terrain propice à ces activités illicites. En effet, les hôtels, les agences de voyages, les bureaux de change et autres acteurs touristiques peuvent involontairement faciliter le blanchiment d’argent en traitant de grandes quantités de transactions en espèces ou en recevant des paiements suspects de la part de clients non identifiés. C’est pourquoi la mise en place de mécanismes de vigilance et de contrôle au sein du secteur est essentielle.
L'atelier, organisé sous la présidence de Mamou Daffé, ministre de l'Artisanat, de la Culture, de l'Industrie hôtelière et du Tourisme, représentée par sa conseillère technique Sissoko Habibatou Diawara, a permis aux participants de se familiariser avec les différents dispositifs légaux et les mécanismes de lutte contre le blanchiment de capitaux. En présence d'experts et de responsables d'organismes nationaux et internationaux, plusieurs thèmes ont été abordés, notamment l’introduction à la problématique du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, le cadre juridique au Mali et la présentation de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). L'une des interventions majeures a été celle de Idrissa M Haidara, président de la CENTIF, qui a révélé que chaque année, entre 3000 et 4000 dénonciations suspectes sont reçues au niveau sous-régional, avec plus de 2000 signalements en 2024 pour le Mali. Cette statistique met en lumière l’importance de la vigilance et de l’adhésion des secteurs privés, comme celui de l’hôtellerie et du tourisme, dans cette lutte.
Le secteur touristique, notamment l’hôtellerie, représente des opportunités importantes pour le développement économique des pays, mais il présente aussi des vulnérabilités face aux pratiques illicites. Les hôtels et autres entreprises liées au tourisme sont susceptibles de devenir des points de transit pour des fonds d'origine douteuse. C’est pourquoi la collaboration avec les autorités nationales et la mise en œuvre de mécanismes de conformité sont des mesures cruciales pour garantir la transparence financière. L’atelier a permis de souligner la nécessité de renforcer la formation des professionnels du secteur, de développer une culture de vigilance, et de mettre en place des systèmes de surveillance adaptés, capables d’identifier les transactions suspectes. Il s’agissait également de rappeler l’importance de la coopération avec les institutions de régulation et de contrôle telles que la CENTIF, pour assurer une réponse collective et coordonnée face à la menace.
La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme est essentielle non seulement pour protéger l’économie du pays, mais aussi pour assurer la durabilité et la réputation du secteur stratégique. Le Mali, à travers cet atelier, a pris un pas de plus vers la mise en place de mesures efficaces et adaptées pour lutter contre ces pratiques criminelles. Les acteurs du secteur, en particulier ceux du domaine touristique et hôtelier, doivent désormais prendre conscience de leur rôle dans ce combat. Cela implique une vigilance accrue, une meilleure gestion des risques et une implication active dans les initiatives nationales et internationales visant à éradiquer le blanchiment de capitaux et à lutter contre le financement du terrorisme. Le secteur peut alors non seulement jouer un rôle économique majeur, mais aussi devenir un modèle de transparence et de responsabilité.
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