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Afrique

Les fugues des sportifs, une maladie très camerounaise

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Les fugues des sportifs, une maladie très camerounaise

La 21ème édition des Jeux du Commonwealth, organisés à Gold Coast en Australie, a été l’occasion de voir à l’oeuvre le Cameroun dans un sport dans lequel il commence à exceller : la fugue. Comme c’est quasiment le cas à chaque compétition organisée dans un pays riche depuis l’an 2000, des athlètes ont abandonné leurs délégations une fois parvenus sur le lieu des épreuves. Cette fois-ci, ce sont 8 compétiteurs qui se sont volatilisés, laissant dans le désarroi leurs encadreurs et coéquipiers. Cette autre série de fugues est l’occasion de comprendre les raisons de ces actes. Ils découlent en fait de la mauvaise organisation du mouvement sportif. Une organisation qui ne prend pas en compte la formation efficiente et le bien-être des athlètes.         

Ils étaient 42 à partir mais  seuls 34 athlètes ont regagné le bercail. La délégation du Cameroun aux 21èmes Jeux du Commonwealth a rallié la capitale Yaoundé le 17 avril 2018 avec des membres en moins. 8 sportifs ont abandonné leurs camarades, certains sans même avoir commencé les compétitions, à Gold Coast, la ville australienne qui accueillait les Jeux. Ce sont les responsables de  la délégation camerounaise eux-mêmes qui vont annoncer les fugues de ces jeunes pour la plupart boxeurs et haltérophiles. Ce qui va laisser sans voix le porte-étendard du Cameroun, la boxeuse Claudine Essiane. « La fugue des gars, je n’ai pas de réponse à ça. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans leur tête. C’est une première expérience pour moi. C’est la première fois que je voyage avec le groupe et puis des gens disparaissent comme ça. J’étais moi aussi choquée », a-t-elle déclaré le jour du retour au Cameroun.

Les déserteurs ne devraient pas avoir de soucis avec la police australienne jusqu’au 15 mai 2018. Le président de la Fédération camerounaise de boxe Bertrand Mendouga expliquait que c’est seulement après cette date qui coïncide avec l’expiration de leurs visas qu’ils pourront commencer à s’inquiéter. « Pour l’instant on ne peut pas faire grand chose, ils ont des visas, ils sont dans leur droit s’ils veulent voyager dans le pays, les autorités ne peuvent pas engager la moindre poursuite, même si nous les avons prévenues de ces disparitions ». Sur place au Cameroun, l’affaire a fait grand bruit. Un sentiment de honte renforcé par l’intérêt de la presse internationale pour le sujet s’est mêlé à des attitudes de déception et d’indignation.

Des athlètes mal encadrés et sans avenir

L’ancien arbitre de football André Thomas Nkoma ressent le poids du déshonneur sur l’image de son pays à l’occasion d’une compétition internationale.  « J’ai honte de voir mon pays faire la une de l’actualité mondiale dans ce registre. On ne parle pas du Rwanda, de l’Ethiopie qui sont sur le plan économique au même niveau que nous, mais du Cameroun ». En général, l’on comprend les « fugueurs ». D’autant plus que leurs conditions de vie et de travail sur place au pays laissent à désirer. « Si cela ne dépendait que de moi, tous partiraient et ne reviendraient plus. Les gens souffrent trop ici au pays », lâche Franklin Tatsinsa, un adolescent fan de foot rencontré dans l’une des arènes de Douala

Jacques Kuissi, un responsable à la Fédération camerounaise de cyclisme s’insurge d’entrée de jeu contre les départs en pleine compétition. « Je suis contre cette fugue. Ils auraient dû au moins achever les compétitions, faire ce pour quoi ils étaient partis  avant de penser à autre chose ». Et de poursuivre : « Cela dit, je pense qu’il faut comprendre ces enfants. J’encadre des jeunes cyclistes et je dois dire que leurs conditions de vie ne sont pas enviables. Ceux qui choisissent le sport comme activité doivent pouvoir en vivre. Quand ce n’est pas le cas, ils se mettent à chercher à aller voir ailleurs. Le Cameroun a beaucoup de talents mais comment sont-ils encadrés ? »

Le journaliste sportif Patrice Biyo illustre encore mieux, avec force détails poignants, la situation des athlètes camerounais évoluant au bercail. « Nous vivons au Cameroun dans un environnement qui malheureusement n’aide pas du toit les sportifs. Il n’y a pas de politique qui permette aux sportifs d’être épanouis. Nous sommes au contact de ces jeunes. Nous connaissons leur quotidien. Ce sont des gens qui souffrent, qui galèrent, qui rasent les murs pour vivre. On est dans ces conditions tentés d’aller chercher fortune ailleurs par tous les moyens », déplore le rédacteur en chef de Radio sport infos.  Il pointe les autorités sportives nationales qui à son avis ne font pas toujours ce qu’il faut. Difficile dès lors pour les jeunes de rester au pays.

Le Cameroun, un pays habitué aux désertions  de ses sportifs  

L’une de leurs solutions consiste à fuir lors des compétitions internationales.  « Tous ceux qui partent qu’est-ce qu’ils font en dehors du sport ? Pour certains ce sont des videurs dans les boites de nuit. Il faut revoir la condition du sportif au Cameroun. Il faut développer des stratégies.  Au powerlifting l’année dernière, l’athlète Dombou est resté aux Etats-Unis après la compétitition. Il a dit qu’il ne revenait pas. Il était champion d’Afrique et vigile ! Il ne voulait pas revenir ici pour gagner 40000 ou 50 000 francs CFA de salaire. S’il a une bonne proposition qui peut lui permettre d’affiner son talent, il va partir. Le Cameroun ne lui garantit rien. A côté il y a Audrey Aboueme, double champion d’Afrique, meilleure performance africaine au powerlifting. Elle titille les grandes championnes du monde. Elle n’a jamais été reçue par le ministre des sports. Il y a des primes olympiques qu’on lui doit depuis des années. Comment vous voulez qu’une athlète comme celle-là ait envie de rester ? », interroge notre confrère.  A sa suite, André Thomas Nkoma stigmatise la moralité des dirigeants sportifs camerounais.

Selon l’ex homme en noir, ce ne sot pas les moyens qui manquent. S’ils ne sont pas mis à la disposition des athlètes c’est parce que ceux qui les gèrent sont gourmands et malhonnêtes. C’est aussi et surtout, croit-il, une question de volonté. « Je ne suis pas surpris. C’est une histoire qui défraie la chronique depuis un bon bout de temps. Cela arrive parce que les dirigeants ne remplissent pas convenablement leurs tâches. Je citerai mon exemple. En tant qu’ancien arbitre j’ai des arriérés d’indemnités à la Fédération camerounaise de football. Les footballeurs sont obligés de payer eux-mêmes leurs licences alors que leurs dirigeants mettent les subventions qu’ils reçoivent dans la poche. Il y a assez de moyens pour entretenir ces jeunes et leur assurer un avenir. Sinon que croyez-vous que les détourneurs qui sont pris depuis des années volent ? Et puis s’il y a de l’argent pour entretenir l’armée, il doit y en avoir pour entretenir ces autres soldats de la nation que sont les sportifs. Ne défendent-ils pas eux aussi les couleurs nationales ? », demande-t-il.

Le Cameroun est devenu un habitué des incidents en rapport avec les disparitions d’athlètes. Aux jeux olympiques de Sydney en l’an 2000, le boxeur Bika Mba Sakio se volatilise. Il deviendra plus tard champion du monde sous les couleurs australiennes. Avant lui, au cours de la décennie 90, Samuel Eto’o avait « tenté sa chance en France » avant de rentrer au pays pour se relancer. En 2006 aux Jeux du Commonwealth qu’accueillent la ville australienne de Melbourne, 9 athlètes camerounais faussent compagnie au reste de la délégation. Les Camerounais remettent ça en 2012. Cette fois-là  7 sportifs profitent des Jeux olympiques de Londres pour « fuir ». La récurrence de ces défections a obligé certaines représentations diplomatiques à Yaoundé à durcir les conditions d’obtention de visas pour les sportifs camerounais en partance pour leurs pays. Plusieurs d’entre eux on ainsi été refoulés ces derniers mois. Sans que cela n’annihile les fortes envies d’expatriation.



3 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Avril, 2018 (04:14 AM)
    ... AH BON..... THIEY SENEGALAIS....  <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/bravo.gif" alt=":bravo:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/bravo.gif" alt=":bravo:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/bravo.gif" alt=":bravo:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/bravo.gif" alt=":bravo:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/bravo.gif" alt=":bravo:">  
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  2. Auteur

    Sameer

    En Avril, 2018 (08:14 AM)
    Very nice posting best of luck





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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2018 (06:38 AM)
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