« Nous avons été prévenus le dimanche soir (ndlr: il y a une semaine) que nous serions autorisés à pénétrer dans le centre commercial le lendemain, explique un commerçant qui préfère taire son nom car il gère d’autres magasins en ville, quand je suis entré, j’ai été choqué par l’ampleur des destructions. Mais, je l’ai été bien plus encore quand j’ai commencé à comprendre ce qui s’était passé ».
Dans son commerce, l’argent de tous les tiroirs-caisses avait disparu. « Ils ont aussi essayé d’ouvrir le coffre-fort en tirant dessus, mais il a résisté. Il y avait des douilles tout autour ». Il raconte avoir retrouvé un sac contenant un emballage de consoles de jeu vidéo. Et la console avait disparu. « Ils se sont même servis dans les sacs de courses abandonnés par les gens dans leur fuite ! », conclut-il.
Vitrines détruites
Une mère de deux enfants est venue récupérer sa voiture, intacte, mais remplie de nourriture avariée, qui était garée dans le parking du sous-sol. « En allant vers le supermarché Nakumatt pour vérifier si mes emplettes y étaient toujours, j’ai vu que chaque magasin avait au moins une vitrine détruite, comme pour laisser passer des individus et tous les étalages étaient totalement vides ».
L’accès au centre commercial de Westgate, où les recherches sont menées notamment par la police fédérale américaine, se poursuivent, a été interdit à la presse, mais des photos ont rapidement circulé. Certaines montrent les étalages vides d’une bijouterie ou encore les vitrines entièrement démolies d’une banque. Une vidéo amateur filme l’intérieur du restaurant Art Caffé, situé au rez de chaussée, qui ressemble à un appartement de jeunes célibataires, un lendemain de beuverie. On y voit des dizaines et des dizaines de bouteilles de bière vides, alignées sur le comptoir du bar et sur les tables.
Sauvetage ou pillage ?
« Opération de sauvetage ou opération de pillage ? » interroge la chaîne de télévision locale Citizen TV. Dans ce reportage, la propriétaire d’un magasin de vêtements situé au premier étage, raconte qu’elle avait refait les stocks dix jours auparavant. Tous les vêtements ont disparu, même ceux qui étaient en exposition sur des mannequins.
Un article du quotidien Nairobi Star décrit une vidéosurveillance à laquelle le journal aurait eu accès. « A 21 h 12, le samedi 21 septembre, un soldat est vu de dos en train de vider une caisse du supermarché Nakumatt ». Si cela est confirmé, cela signifierait que les soldats ont entamé le pillage dès le premier jour de l’attaque, lorsque des gens étaient encore cachés dans des magasins, terrifiés. Le siège ayant duré trois jours et demi, des soupçons naissent sur les raisons véritables de cette attente interminable.
Face à des accusations de plus en plus embarrassantes et circonstanciées, Raychelle Omamo, la ministre de la Défense a fini par réagir dans un communiqué, jeudi. « La conduite des troupes a respecté les procédures internationales. Nous appelons le public à fournir des preuves du manque de professionnalisme du personnel de l’armée durant le siège ». Un porte-parole de l’armée kényane Emmanuel Chirchir a également affirmé vendredi que les troupes avaient « aidé à sécuriser 300 millions de shillings kényans (2,5 millions d’euros) de quatre banques et d’un casino ».
3 Commentaires
Colombo2
En Octobre, 2013 (15:07 PM)Xeme
En Octobre, 2013 (17:46 PM)Qubilai
En Octobre, 2013 (18:38 PM)Participer à la Discussion