Au Soudan, les autorités procèdent à de plus en plus d'arrestations de migrants fuyant la dictature voisine de l'Erythrée. Des interpellations dénoncées par les organisations de défense des droits de l'homme. Ces dernières semaines, la pression sur la communauté érythréenne semble s'intensifier.
Ces derniers jours, les réseaux sociaux mentionnent des arrestations massives d'Erythréens au Soudan. Mais impossible de connaître avec précision les lieux ni le nombre de personnes concernées. Ces informations sont difficiles à vérifier. Ce qui est sûr, c'est qu’il y en a quasiment tous les jours, confie à RFI un Erythréen résidant à Khartoum. Lui-même l'a éprouvé récemment. « On est conduit au poste de police. Si on peut payer 500 dollars, on est relâché, sinon on est emprisonné », raconte-t-il.
Désormais, le risque existe pour les réfugiés d'être renvoyés de force dans leur pays. Au début du mois de mai, plus de 130 Erythréens en route vers la Libye avaient été arrêtés et renvoyés en Erythrée dans la prison de la ville frontière de Tesseney.
C'est le signe que la pression sur les Erythréens au Soudan s'intensifie ces derniers temps, confirme Fisseha Tekle, chercheur pour Amnesty International dans la corne de l'Afrique. Et cela en partie, selon lui, à cause du processus de Khartoum, cet accord signé il y a un an et demi entre l’Union européenne et une vingtaine de pays africains, qui incite notamment le Soudan à mieux surveiller ses frontières et contenir les migrants.
« La procédure habituelle, c'est qu'une fois que les migrants sont renvoyés en Erythrée, ils sont emprisonnés par les militaires. Ils manquent de nourriture, ils n'ont pas accès aux soins et ils sont parfois torturés. Nous n'avons aucun chiffre officiel, mais depuis plusieurs années, on sait que cela arrive régulièrement. Et il est probable que le processus de Khartoum, cet accord entre l'Union européenne et le Soudan qui pousse les pays de transit à contrôler les flux migratoires, ait contribué à faire augmenter le nombre de ces expulsions de migrants qui sont renvoyés dans leur pays d'origine. En fait, au nom de la lutte contre l'immigration clandestine, l'Union européenne soutient ces arrestations, il y a un accord et un fonds qui a été créé spécialement pour cela. Donc à l'avenir, nous nous attendons à ce que ce type d'arrestations se multiplie », explique-t-il.
Human Rights Watch s'alarme d'ailleurs de voir les Erythréens renvoyés dans leur pays, menacés d'être emprisonnés ou torturés, sans jugement. L'organisation exige l'arrêt immédiat des expulsions.
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