Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l'armée il y a quatre mois, est arrivé lundi au tribunal du Caire qui doit le juger pour "incitation au meurtre" de manifestants quand il était au pouvoir, a annoncé la police.Le premier chef de l'État élu démocratiquement en Egypte était détenu au secret depuis sa destitution le 3 juillet, quelques jours après que des millions d'Égyptiens furent descendu dans la rue réclamer son départ, l'accusant d'accaparer les pouvoirs au profit de sa confrérie des Frères musulmans et de vouloir islamiser la société à marche forcée.
De nouvelles violences sont à redouter car le nouveau pouvoir mis en place par l'armée réprime dans le sang les manifestations pro-Morsi depuis le 14 août, quand policiers et soldats ont tué des centaines de partisans du président déchu en dispersant leurs sit-in au Caire. Depuis, plus d'un millier de manifestants ont été tués et plus de 2.000 Frères musulmans arrêtés, dont leurs principaux leaders, jugés comme M. Morsi notamment pour "incitation au meurtre". Il encourt la peine de mort M. Morsi, qui encourt la peine de mort dans ce procès, est arrivé tôt dans la matinée par hélicoptère dans la cour du tribunal qui siège au sein de l'Académie de police, dans un quartier de l'est de la capitale égyptienne, a annoncé à l'AFP le chef de la police du Caire Osama al-Soghayar.
Ses partisans ont déjà annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas l'autorité de ses juges ni la légitimité d'un procès qu'ils estiment orchestré par un pouvoir issu d'un "coup d'Etat" militaire. Quatorze co-accusés, dont des cadres des Frères musulmans, sont également arrivés au tribunal pour être jugés pour les mêmes chefs d'accusation que M. Morsi: notamment "incitation au meurtre" de manifestants devant son palais présidentiel le 5 décembre 2012, lors de heurts qui avaient fait au moins sept morts. Les autorités ont annoncé qu'elles avaient déployé 20.000 hommes au Caire, mégalopole de 20 millions d'habitants déjà quadrillée depuis le 3 juillet par les chars de l'armée et d'innombrables barrages de la police. Amnesty International estime que ce procès est un "test" pour évaluer la volonté des autorités intérimaires de respecter les droits de l'Homme.
L'ONG les presse d'"amener Mohamed Morsi à l'audience et de lui accorder le droit à un procès juste, en particulier lui permettre de contester les preuves qui pourront être produites contre lui devant le tribunal". "Si ce n'est pas le cas, alors il sera permis de soulever des questions quant aux motivations cachées de ce procès", ajoute l'organisation internationale. Les avocats de M. Morsi ont annoncé qu'ils assisteraient au procès non pas pour le défendre devant des juges dont il récuse la légitimité mais "pour surveiller la procédure judiciaire". Les rares personnes ayant vu M. Morsi dans son lieu de détention l'ont trouvé déterminé à défendre sa "légitimité" puisée dans les urnes, comme il l'avait affirmé dans une vidéo le soir de son éviction.
Les faits qui lui sont reprochés avaient marqué un important tournant dans sa présidence: après six mois au pouvoir, il avait édicté un décret le plaçant au-dessus de tout contrôle judiciaire, déclenchant des manifestations devant la présidence. Estimant que la police n'avait pu protéger le président, les Frères musulmans avaient appelé leurs partisans à déloger les protestataires. Ces violences -qui s'étaient soldées par sept morts- avaient soudé les rangs de l'opposition anti-Morsi qui, six mois plus tard, descendait dans la rue pour réclamer son départ et l'obtenait de la main des militaires. Depuis la répression extrêmement sanglante des manifestations pro-Morsi en août, les Frères musulmans, décimés ou emprisonnés, peinent à mobiliser des foules malgré des appels quotidiens manifester "pacifiquement".
Mais leur détermination pourrait déclencher un nouveau bain de sang lundi s'ils s'approchent du tribunal ou bloquent des artères importantes du Caire. Car le gouvernement intérimaire dirigé de facto par l'armée, qui a promis des élections législatives et présidentielle pour 2014, a prévenu qu'il sévirait en cas de manifestations importantes. Depuis le 14 août, policiers et soldats ont reçu l'autorisation d'ouvrir le feu sur tout manifestant qui se montrerait hostile ou s'en prendrait à un bien public, un blanc-seing interprété de la manière la plus large par les forces de l'ordre depuis.
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En Novembre, 2013 (14:51 PM)Participer à la Discussion