Le ministère français des forces armées a fourni aux autorités locales un guide de 100 Africains qui ont combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, afin que les rues et les places puissent porter leur nom.Le débarquement africain en Provence : une autre histoire des tirailleurs
La réévaluation par la France de son passé colonial est alimentée par les manifestations mondiales contre le racisme et par l’initiative "Black Lives Matter".
Il y a beaucoup de tirailleurs sénégalais et nord-africains sur la liste, mais aucun de ce qui était de l’Indochine française.
Les Africains ont joué un grand rôle dans la libération de la France en 1944.
La ministre française de la défense Geneviève Darrieussecq, qui a présenté la brochure de 210 pages, a déclaré que "les noms, les visages, les vies de ces héros africains doivent faire partie de nos vies de citoyens libres, car sans eux nous ne serions pas libres".
Le mois dernier, une statue de Jean-Baptiste Colbert, qui a établi des règles pour les colonies françaises au 17ème siècle, a été vandalisée. De nombreuses statues identifiées à l’esclavage et au colonialisme ont été renversées ou vandalisées en Europe et aux États-Unis.h
"Plutôt que de les abattre, je vous demande de les construire", a déclaré Mme Darrieussecq aux maires. "Plutôt que d’effacer, je vous demande d’envisager de transformer nos espaces publics en lieux d’enseignement".
Elle a ajouté qu’ "aujourd’hui, très peu de nos rues portent le nom de ces combattants africains, donc l’objectif est de construire".
Elle a ajouté que les plaques devraient expliquer le rôle d’un héros de guerre africain commémoré par une statue ou un nom de rue.
En janvier, dans la ville méridionale de Bandol, une place centrale a été nommée en l’honneur de cinq soldats africains qui ont pris part à la libération de la ville. La "Place de la liberté" a été rebaptisée "Place des libérateurs africains".
Plus de 400 000 Africains des Forces françaises libres ont participé au débarquement des Alliés dans le sud de la France en août 1944, sous le nom de code "Opération Dragoon". Ils ont participé à de lourds combats pour libérer Toulon et Marseille.
Les débarquements ont été cruciaux pour chasser les forces allemandes nazies du sud, alors que les Alliés du nord de la France poussaient vers le sud, ayant débarqué en Normandie en juin.
Après l’invasion de la France par les nazis en 1940, de nombreux Africains dans les colonies françaises se sont portés volontaires pour les Forces françaises libres du général Charles de Gaulle, mais beaucoup ont également été enrôlés.
Environ 400 000 d’entre eux venaient d’Algérie, du Maroc et de Tunisie, et plus de 70 000 du Sénégal et d’autres colonies subsahariennes.
Lors d’une cérémonie en août dernier commémorant l’opération Dragoon, le président Emmanuel Macron a fait l’éloge des Africains qui constituaient plus de 80 % des forces de débarquement françaises. "Pourtant, qui parmi nous aujourd’hui se souvient de leurs noms, de leurs visages ?" a-t-il demandé.
Sira Sylla, une députée qui fait campagne pour que les contributions des Africains à la France moderne soient dûment reconnues, a salué l’initiative du gouvernement.
"Que cela leur plaise ou non, leurs ancêtres ont participé à la libération de la France. L’histoire de notre pays et l’histoire de l’Afrique sont liées et il est urgent de diffuser cette connaissance", a-t-elle déclaré.
Parmi les nombreux soldats africains qui ont combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, on peut citer :
Addi Ba
Né en Guinée en 1923, il a vécu à Langeais dans la région de la Loire et a combattu avec l’infanterie sénégalaise mais a été capturé par les Allemands en juin 1940.
Il s’est échappé avec quelques compatriotes de Neufchâteau dans les Vosges et en 1943, il a aidé à mettre en place le "maquis" des Vosges - une partie de la Résistance française.
Les Allemands chassèrent le groupe et attrapèrent Addi Ba, qui fut emprisonné à Épinal et torturé mais refusa de leur donner des informations. Les Allemands l’ont abattu en décembre 1943. Une rue de Langeais porte son nom en 1991.
Paul Koudoussaragne
Né en République centrafricaine (RCA) vers 1920, il rejoint les Forces françaises libres en août 1940 et est envoyé au combat au Moyen-Orient en 1941.
Il a d’abord combattu en Syrie, puis dans les campagnes d’Égypte et de Cyrénaïque de décembre 1941 à juillet 1942.
Dans la bataille de Bir-Hakeim, il réussit à apporter des munitions à un poste d’observation de l’artillerie sous le feu, malgré une blessure par balle. Le général De Gaulle lui décerne la Croix de la Libération à Beyrouth plus tard en 1942.
En 1945, il retourne au combat et est blessé au combat près de Royan, sur la côte atlantique française. Il se retire après la guerre à Bimbo en RCA, où il est fermier jusqu’à sa mort en 1973.
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