Au Nigeria, la campagne présidentielle a démarré lundi. Elle doit durer trois mois, jusqu’en février 2019. 78 candidats sont en lice, dont le président sortant Muhammadu Buhari et son principal opposant Atiku Abubacar.
Qui de Muhammadu Buhari, le président nigérian candidat à sa propre succession, ou du richissime homme d’affaires Atiku Abubakar remportera l’élection présidentielle de février 2019 ? Lundi 19 novembre, les deux principaux candidats de la première puissance économique d'Afrique ont donné le coup d’envoi de la campagne présidentielle, qui devrait durer trois mois, en dévoilant leur programme.
C’est à la télévision nationale que l’ancien général Muhammadu Buhari, 75 ans, a fait le bilan de ses quatre années passées à la tête du pays. Il s’est présenté comme l’homme de la situation, affirmant avoir tenu ses promesses en termes de sécurité, d’économie et de lutte contre la corruption. "Nous sommes déterminés à approfondir le travail que nous avons entamé" pour "que les ressources du pays continuent à bénéficier à la société", a déclaré le président sortant, dénonçant la corruption comme une "menace existentielle".
MUHAMMADU BUHARI LANCE SA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
I'm pleased to be back home. I'm grateful to God and to all Nigerians for your prayers. pic.twitter.com/oGXcN6uDsb
— Muhammadu Buhari (@MBuhari) 21 août 2017
Dès son arrivée au pouvoir en 2015, le président nigérian, leader du Congrès des progressistes (APC), avait fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Des fonds et des biens de dignitaires de l’ancien régime de Goodluck Jonathan ont été saisis. Il y a quelques jours, le directeur de l’agence anticorruption, Ibrahim Magu, s’est félicité d’avoir saisi l’équivalent de 2,3 milliards de dollars. Mais l’opposition accuse régulièrement le pouvoir de ne cibler que ses membres.
La première à avoir fait les frais de cette lutte contre la corruption est Diezani Alison-Madueke, ancienne ministre nigériane du Pétrole et première femme à avoir dirigé l’Opep. L’État nigérian lui réclame environ 600 millions de dollars qu’elle aurait détournés des comptes publics. Ayant fui à Londres, elle a été mise en examen en 2015 par la justice britannique.
Défi sécuritaire : l'épine dans le pied du président sortant
Mais si Muhammadu Buhari peut se targuer de ses faits d’armes dans le domaine de la corruption, son bilan sécuritaire n’est pas reluisant. En 2015, alors que la capacité de nuisance de la secte Boko Haram était à son paroxysme dans les États du nord du Nigeria comme celui de Borno, le président nigérian avait été plébiscité en raison de son parcours militaire et de sa réputation d’homme de fer ayant déjà dirigé un gouvernement militaire entre 1983 et 1985, et peut-être aussi son appartenance à la religion musulmane.
Mais quatre années plus tard, la menace de Boko Haram n’a toujours pas été enrayée malgré les affirmations répétées du gouvernement selon lesquelles la secte islamiste est sur le point d'être vaincue. Boko Haram a même encore frappé le week-end du 17 novembre. Des jihadistes du groupe terroriste ont tué 44 soldats dans des attaques de bases militaires et neuf agriculteurs dans le Nord-Est.
Outre la menace terroriste, des affrontements entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades agitent les États du centre du pays. Ces violences "ont fait plus de victimes civiles que l’insurrection de Boko Haram et pourraient continuer d’en faire à l’avenir", affirme à l’AFP Ryan Cummings, spécialiste de l’Afrique au cabinet de conseil Signal Risk, basé en Afrique du Sud. Le défi sécuritaire sera l’un des grands enjeux du scrutin.
Dans son programme, le président Buhari souhaite, comme il y a quatre ans, mettre l'accent sur la création d'emploi et la diversification de l'économie pour être moins dépendant du pétrole et renforcer le système d'éducation. Le Nigeria a connu une grave récession économique en 2016 due à la chute des prix du pétrole. Cette crise avait fortement affecté le pouvoir d’achat des populations mais aussi l’économie sous-régionale.
Le candidat Atiku Abubacar lance sa campagne sur les réseaux sociaux
De son côté, l’homme d’affaires Atiku Abubakar a lancé officiellement sa campagne avec une vidéo diffusée en direct sur Facebook et Twitter, un "choix stratégique" selon son équipe de communication, pour s'adresser directement aux jeunes électeurs.
Dans un programme de 63 pages largement diffusé sur les réseaux sociaux, le candidat du Parti démocrate populaire (PDP), principal parti d’opposition, promet notamment de mettre en place des programmes de formation professionnelle, de porter le secteur industriel à 30 % du PIB d'ici 2015 (contre 9 % actuellement), et assure pouvoir sortir "50 millions de personnes de l'extrême pauvreté d'ici deux ans".
ATIKU ABUBACAR LANCE SA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
My plan to get Nigeria working again. #TheAtikuPlan #LetsGetNigeriaWorkingAgain https://t.co/gugWYGWTN0
— Atiku Abubakar (@atiku) 19 novembre 2018
Cible régulière d'accusations de corruption ou de scandales liés à des conflits d'intérêts de la part du pouvoir, Atiku Abubacar, ancien vice-président du Nigeria entre 1999 et 2007, âgé de 71 ans, est bien connu des Nigérians et jouit d’une réputation d’homme à l’immense richesse.
Le bras de fer a déjà commencé entre les deux hommes. Dimanche 18 novembre, la direction de campagne d’Atiku Abubacar a accusé le gouvernent fédéral d’avoir "délibérément embarrassé" le candidat à la présidentielle en ordonnant la fouille de son avion à son retour de Dubaï. Une tentative d’intimidation selon Atiku Abubacar, rapporte Sahara Reporters, un site d'information nigérian basé à New York.
En donnant le coup d'envoi de la campagne, Buhari a exhorté tous les candidats et leurs partisans à "ne pas enflammer le pays à cause de la politique", alors que les élections au Nigeria ont souvent provoqué de nombreuses violences. Ce week-end, 24 pays – dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne – se sont dits "gravement préoccupés" par l'achat de voix, l'intimidation à l'encontre des électeurs dans les récentes élections locales, et ont appelé à la tenue "d'élections libres, équitables, transparentes et pacifiques".
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En Novembre, 2018 (07:32 AM)Anonyme
En Décembre, 2018 (23:02 PM)Anonyme
En Décembre, 2018 (02:29 AM)Anonyme
En Décembre, 2018 (05:14 AM)Anonyme
En Janvier, 2019 (01:30 AM)Anonyme
En Janvier, 2019 (12:38 PM)Participer à la Discussion