Le 13 décembre 1998, la découverte tragique des corps calcinés du journaliste Norbert Zongo et de ses compagnons à Sapouy a marqué l’histoire du Burkina Faso. Ce quadruple assassinat a immédiatement suscité une mobilisation nationale et internationale afin que justice soit rendue. Plus de deux décennies plus tard, l’affaire semble sur le point de franchir une étape cruciale.
Un drame qui a marqué le Burkina Faso
Norbert Zongo, journaliste d'investigation, et ses trois compagnons, Blaise Ilboudo, Yembi Ernest Zongo et Abdoulaye Nikiema dit "Ablassé" ont péri dans des circonstances atroces. Dès mai 1999, une commission d’enquête indépendante a conclu à un assassinat. Une information judiciaire a été ouverte, mais une ordonnance de non-lieu rendue en 2006 semblait clore le dossier, provoquant indignation et frustration parmi les défenseurs des droits humains.
À la suite de l’insurrection populaire de 2014 et au renouveau judiciaire qu’elle a engendré, le dossier a été rouvert en 2015 grâce à de nouvelles charges. Ces investigations ont permis d’identifier Paul François Compaoré comme principal suspect et commanditaire présumé. Un mandat d’arrêt international a été émis contre lui en mai 2017, conduisant à son interpellation en France. Malgré une demande d’extradition, les autorités françaises ont annulé cette décision en décembre 2023, invoquant notamment des considérations juridiques liées à la Cour européenne des droits de l’homme.
Un signal fort pour la justice
Le procureur du Faso a récemment annoncé l’état d’avancement du dossier. Trois accusés : Paul François Compaoré, Banagoulo Yaro et Wango Christophe Kombacéré devraient être jugés pour complicité d’assassinat et destruction volontaire de biens, ainsi qu’assassinat direct. Cependant, la procédure pourrait se dérouler par défaut pour tout accusé non comparant.
Malgré les obstacles internationaux et la longueur de l’instruction, la justice burkinabè semble déterminée à mener cette affaire à terme. La transmission des pièces à la chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou est prévue pour début 2025, amorçant une nouvelle phase du procès.
Ce dossier reste un test majeur pour l’indépendance et la résilience du système judiciaire burkinabè. Au-delà des attentes, il symbolise l’exigence de vérité et de justice pour les victimes et leurs familles, mais aussi pour une nation aspirant à tourner la page des impunités passées.
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