Un mois et demi après le début de l’intervention française au Mali et un premier débat à l’Assemblée nationale le 16 janvier dernier, les députés se sont de nouveau réunis à propos du Mali ce mercredi 27 février. Si le premier débat portait sur le déroulement de l’opération Serval, celui-ci n’est pas censé aborder l’aspect militaire. En effet, le débat organisé à la demande du groupe socialiste aura pour thème, les "perspectives de reconstruction et de développement" du Mali "au-delà de l’intervention militaire".
Car la question qui se pose à présent, c’est bien si le Mali va réussir à se stabiliser après le départ des troupes françaises qui est envisagé pour le mois de mars selon le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Rien n’est moins sur vu l’état de la classe politique malienne. L’intervention militaire française a eu pour effet de focaliser l’attention sur les combats, détournant ainsi le regard de la fragilité politique et institutionnelle que connaît toujours le pays. En effet, la crise politique qui a fait sombrer le Mali dans la guerre n’est pas encore résolue. Et tant qu’elle ne le sera pas, le Mali restera sur la corde raide. Le HuffPost liste trois questions que le pays devra résoudre pour sortir de la tourmente.
La question des élections
Premier défi à relever pour le Mali: renouveller sa classe politique. Après le coup d'État par l'armée le 22 mars 2012, les militaires dirigés par le capitaine Sanogo ont accepté de rendre le pouvoir aux civils. Depuis le pays est dirigé par un président par intérim, Dioncounda Traoré. L'organisation d'élections libres pour élire les représentants légitimes des Maliens sera donc une étape indispensable et décisive.
Après la reprise de Gao et de Tombouctou par l'armée française, Dioncounda Traoré avait exprimé sa volonté d'organiser des élections avant le 31 juillet 2013. Au cours d'une conférence de presse le 14 février, le ministre de l'administration territoriale Moussa Sinko Coulibaly a confirmé ce calendrier. Ce dernier a annoncé que l'élection présidentielle se déroulerait en deux tours, les 7 et 21 juillet prochain. Au cours du second tour, les Maliens pourront aussi voter pour les législatives.
Un timing serré qui fait craindre aux plus sceptiques une organisation bâclée, d'autant plus que le Mali compte quelque "120 partis et une dizaine de regroupements politiques", selon Moussa Sinko Coulibaly. Mais ce dernier a également affirmé que le délai annoncé pouvait être "révisé si nécessaire". La seule certitude concernant ces élections pour le moment, c'est qu'elles seront suivies de très près par la communauté internationale et notamment par la France et par les pays de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
La question de l’armée
Au délà du renouvellement de sa classe politique, le Mali devra également mettre en ordre son armée. En effet, les conflits internes à celle-ci ne sont encore tout à fait réglés. Dernier exemple en date : le 8 février dernier, une altercation a éclaté dans un camp militaire de Bamako. Les partisans du capitaine Sanogo [à l'origine du coup d'État qui a fait chuter le président Amadou Toumani Touré (ATT)], les "bérets verts", ont encerclé le camp des "bérets rouges", des militaires toujours loyaux au Président déchu ATT.
Les "bérets rouges" s'étaient réunis pour contester la dissolution de leur corps de parachutistes par Sanogo et auraient demandé à aller se battre sur le front au Nord-Mali. Les "bérets verts" ont alors ouvert le feu pour les disperser. Ces "tirs fratricides" dénoncés par Dioncounda Traoré ont fait deux morts et treize blessés. Le Président par intérim a d'ailleurs exhorté son Premier ministre Diango Cissoko de résoudre "définitivement" le problème.
Par ailleurs, sur le terrain, l'armée malienne a plus fait parler d'elle pour les exactions qu'elle aurait commises que pour ses exploits militaires. Dans les villes du Nord-Mali, les témoignagnes de la population dénonçant les agissements de l'armée malienne se multiplient. Plusieurs ONG ont également dénoncé des atteintes aux droits de l'homme. Premières visées, les populations arabes et touarègues accusées d'être du côté des islamistes.
La question touarègue
C'est sans aucun doute un des éléments clés dans la résolution de la crise malienne. La question de la population touarègue au Mali ne date pas d'hier. Plusieurs fois, depuis l'indépendance du Mali en 1960, les Touaregs se sont insurgés. Mais c'est seulement en 2012, que leur soulèvement a eu des conséquences pour le Mali.
L'État malien devra donc absoluement s'atteler à cette problématique interne pour aller de l'avant. Fin janvier, les députés maliens ont adoptés à l'unanimité une feuille de route afin de pouvoir gérer l'après-guerre. Un texte qui prévoit notamment de mettre en place une discussion avec "les groupes armés qui ne mettent en cause ni l'intégrité territoriale du pays, ni la laïcité de l'État malien".
Une discussion qui aurait lieu dans le "cadre d'une comission de réconciliation nationale". Cette volonté de dialogue ne s'est pas encore traduit dans les faits et ne bénéficie pour le moment d'aucun calendrier de mise en œuvre. Reste à savoir si le pouvoir malien est vraiment prêt et ouvert pour la réconciliation.
En attendant, les troupes françaises ne sont pas encore parties, et ne sont d’ailleurs pas près de le faire vu la tournure qu’ont pris les combats. Si l’armée française a très vite réussi à reprendre les grandes villes du nord et sans trop d’encombres, l’opération Serval est désormais passée dans une phase très délicate.
De l’aveu même du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, les soldats français se trouvent dans “la phase la plus difficile”. Une déclaration faite au lendemain de la perte d’un deuxième soldat français. De quoi remettre en question les prévisions de Laurent Fabius qui prévoyait un début de retrait des troupes françaises pour le mois de mars.
MISE À JOUR: Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a appelé mercredi 27 janvier à l'Assemblée nationale la communauté internationale à se mobiliser pour soutenir la restauration de l'intégrité et de la stabilité du Mali. "L'engagement de la communauté internationale était nécessaire pour gagner ce combat contre les groupes terroristes", a-t-il déclaré devant les députés, en ouverture du débat sur la reconstruction et le développement du Mali une fois que les groupes islamistes armés en auront été chassés.
Cet engagement "sera tout aussi déterminant pour la phase de stabilisation qui va s'ouvrir et que nous préparons déjà", a poursuivi le chef du gouvernement. Il a réaffirmé la "détermination totale" de la France à restaurer l'intégrité du Mali et s'est déclaré "ni surpris, ni étonné de la détermination" des groupes islamistes contre lesquels de "rudes combats" se poursuivent, notamment dans le nord-est du pays.
Évoquant le soutien des pays de l'Union européenne et des autres alliés de la France à l'opération militaire française lancée le 11 janvier, il a souligné que l'armée et les autorités maliennes "auront besoin durablement de soutien international". "Le Mali aura besoin de tout le soutien de la communauté internationale" pour assurer notamment le succès des élections présidentielles puis législatives prévues en juillet prochain, a-t-il fait valoir.
"Le succès dans la durée de ce qui a été entrepris au Mali exige aussi un action résolue dans les domaines politique et économique", a encore affirmé M. Ayrault, en soulignant qu'il revient d'abord aux Maliens eux-mêmes de recréer "un cadre politique permettant à toutes les composantes du pays de refonder un socle démocratique indispensable à une paix durable".
4 Commentaires
Merdiere
En Février, 2013 (01:35 AM)Bomb
En Février, 2013 (05:41 AM)123
En Février, 2013 (09:45 AM)Il faut éclaircir leur cas (en publiant des articles) dans les magazines et les journaux. Dans ces articles vous précisez que l’islâm et la salafiyya désavouent cette voie (le terrorisme). Ils doivent les dénoncer de toute leur force dans les médias afin de ne pas être confondu avec eux.
Ainsi ils vont :
- Innocenter la religion d’Allah de ces actes (attentats, désordres…) et de ces personnes déviées
- Cette dénonciation va les servir auprès d’Allah car les gens ne se tromperont pas (sur le compte de ces terroristes) jusqu’à les considérer comme salafi ; ça va les servir aussi dans ce monde car les mécréants vont faire la différence entre ces prétentieux et les (salafis) véridiques.
Ces démarches se situent sur un angle.
Sur un autre angle, ils doivent se présenter aux autorités – au nom des salafis – pour leur signifier que « nous les (vrais) salafis réfutons ces gars (ces terroristes) avant que vous les réfutiez et parliez sur eux. Nous blâmons leur voie ; de même les savants de l’islâm avant nous ont blâmés leur voie depuis longtemps. (Ils sont réprimés) dans notre religion qui est l’islâm. Donc vous ne devez pas affilier ces gens à nous, ni imputer leurs actes à l’islâm.
Certes l’islam et les musulmans véridiques sont innocents de ces gens et de leurs actes (attentats, meurtres…) et ils les désavouent totalement. »
Dénoncez-les aux autorités et aux services concernés (renseignement généraux,…). S’il plaît à Allah il y prodiguera un grand bien.
Farida
En Février, 2013 (09:55 AM)Participer à la Discussion