Quel regard portez-vous sur la situation économique actuelle du continent africain ?
La performance économique des pays africains durant ces dix dernières années s’est beaucoup améliorée. Il y a des avancées, si l’on fait une comparaison avec la période avant 2000. Donc, une accélération du développement de l’économie du continent a été constatée. L’Afrique dispose aujourd’hui de tous les atouts pour réaliser un développement semblable à celui qu’a connu la Chine durant ces trente dernières années. L’Afrique aura ainsi l’occasion de se débarrasser de la pauvreté pour devenir une économie moderne. Pour réaliser cet objectif, elle doit profiter des conditions qui lui sont favorables. L’Afrique deviendra le continent d’avenir, surtout sur le plan économique.
Depuis
quelques années, nous constatons une présence de plus en plus
remarquable de la Chine dans le continent. Comment appréciez- vous ses
relations économiques avec l’Afrique ?
Il
existe une grande complémentarité entre les économies chinoise et
africaine. Notre pays a beaucoup d’expériences qui peuvent être utiles
pour l’Afrique. La complémentarité entre ces deux entités s’explique
d’abord par le fait que la Chine est un pays où les ressources
naturelles sont rares. En raison de son rapide développement, elle aura
besoin des ressources africaines. Cela va permettre de créer un marché
énorme en Afrique. C’est la raison pour laquelle, durant la dernière
décennie, certains pays de l’Afrique ont connu un développement plus ou
moins rapide. Nous pouvons dire que ces matières premières ont soutenu
le développement de la Chine. Le maintien de sa croissance a créé
beaucoup d’espaces permettant le développement des secteurs à grande
densité pourvoyeuses d’emplois. C’est une occasion pour l’Afrique qui
dispose de beaucoup de main-d’œuvre avec sa population jeune. Il revient
aux dirigeants africains de mettre en valeur ce potentiel humain par la
mise en place d’industries capables d’absorber le chômage. Cela peut
être un instrument pour augmenter les revenus des populations afin de
faire face au manque d’emplois. On peut prendre l’exemple du Japon qui a
connu dans les années 1960 une montée en gamme de son industrie. Ceci a
créé beaucoup d’opportunités pour d’autres pays appelés les « dragons
de l’Asie » [Ndlr : Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan], qui
ont pu réussir à leur tour leur industrialisation.
Est-ce
que l’arrivée en force des autres puissances économiques, comme les
Etats-Unis et le Japon, ne fait pas peur à la Chine dans sa dynamique de
renforcer sa coopération avec l’Afrique ?
Il
n’existe pas de crainte, car la Chine développe des industries
différentes par rapport à ces pays dont vous faites allusion. Autrement
dit, la supériorité relative de chacun de ces pays n’est pas la même.
Que pensez-vous des perspectives économiques pour l’Afrique dans les années à venir ?
Dans
l’ensemble, les conditions sont très favorables pour espérer de bonnes
perspectives. Les politiques et programmes qui sont en train d’être mis
en œuvre par les dirigeants africains sont encourageants. Il faut
cependant beaucoup mettre l’accent sur le travail. Il y a trente ans, la
Chine était beaucoup plus pauvre que le Sénégal. Le revenu moyen par
habitant était moins du tiers que celui du Sénégal durant cette période.
Donc, notre pays se trouvait dans une situation plus difficile. Par
exemple, en 1978, le revenu moyen par habitant en Chine n’était que de
154 dollars, alors que ce niveau était de 490 dollars au Sénégal. En
2012, ce montant est situé à 6100 dollars pour la Chine et 1030 dollars
pour le Sénégal. Il y a des efforts à faire à ce niveau.
Vous
faites partie de ces économistes qui ont théorisé les « parcs
industriels », appelés aussi les Zones économiques spécialisés (Zes).
Comment celles-ci peuvent-ils contribuer au développement économique de
l’Afrique ?
Je
crois que c’est une expérience que la Chine peut partager avec
l’Afrique. Une industrie, pour être compétitive, doit disposer de
suffisamment de ressources et tenir compte des réalités économiques de
la région où elle est implantée. Pour le cas du Sénégal, puisque ce
dernier dispose d’une main-d’œuvre importante et active, si on parvient à
développer les parcs industriels, cela peut être un avantage pour le
pays. Ces unités peuvent être installées dans le domaine du textile, du
prêt-à-porter ou la fabrication de chaussures, ainsi que dans d’autres
secteurs porteurs de croissance. Les jeunes qui n’ont pas de travail
pourront évoluer dans ces zones économiques spécialisées. En même temps,
le pays pourra devenir plus compétitif sur le plan international.
L’installation de ces Zones économiques spécialisées suppose que les
coûts de revient pour le fonctionnement restent assez bas. Cela signifie
qu’il faut avoir des infrastructures nécessaires qui puissent supporter
ces mutations, une (bonne) fourniture de l’électricité et une
efficacité des instances de décisions gouvernementales.
Est-ce qu’il y a eu des pays en Afrique qui ont réussi ces parcs industriels ?
L’île
Maurice a expérimenté ces Zones économiques spécialisées. Ce pays, dans
les années 1970, se trouvait dans une situation un peu pareille à celle
du Sénégal. Ses infrastructures n’étaient pas si développées. Les
autorités ont mis alors des parcs industriels dans les secteurs
d’activités de prêt-à-porter et dans le textile. En Afrique de l’Est, il
y a l’Ethiopie qui a réussi également l’expérience des Zes, surtout
concernant la fabrication des chaussures. Pour le revenu moyen par
habitant, l’Ethiopie est plus pauvre que le Sénégal, il en est de même
sur le plan des infrastructures où votre pays est beaucoup plus en
avant. Malgré cela, ce pays de l’Est parvient aujourd’hui, grâce à ses
industries, à exporter ses chaussures vers les pays européens et les
Etats-Unis. Il faut donc une volonté politique pour réussir ces parcs
industriels.
12 Commentaires
Ndiayed
En Février, 2014 (17:07 PM)Nos politiques doivent écouter des économistes comme celui-ci.
Merci
Reply_author
il y a 4 jours (18:03 PM)Fall
En Février, 2014 (17:20 PM)Fjk
En Février, 2014 (17:30 PM)Xeme
En Février, 2014 (17:34 PM)Kotch
En Février, 2014 (17:35 PM)Puis vint Abdou Diouf qui travaillait pour asseoir le néocolonialisme que Wade a tenté d'achever en pillant les ressources du pays avec sa famille et autres voyous d'amis. Y a pas d'autres recettes : ce sont les patriotes qui vont remettre le pays dans la bonne direction en déployant toutes les réformes nécessaires à l'avénement d'un Sénégal prospère et heureux
Pharoah
En Février, 2014 (19:23 PM)Nonnn Afrique Dou Demmm!
En Février, 2014 (19:35 PM)L'Afrique a le ignaneunté, fatalisme hors du commun, le maraboutage, la sorcellerie, les truands, le griotisme, le larbinisme, aucune rigueur, aucun sens du travail, la paresse, le fait de se croire toujours plus intelligent.....
Afrique dou demmmmm
Arretez de tout mettre sur le dos des pauvres occidentaux, si nos gouvernant avaient travaillé. on n en serait pas la aujourd hui!! continuez a jouer les victimes c est bien
Feuer
En Février, 2014 (20:51 PM)Madiambalndiaye
En Février, 2014 (21:39 PM)Fuego
En Février, 2014 (22:37 PM)Diarrah
En Février, 2014 (22:39 PM)Pharoah
En Février, 2014 (23:54 PM)Participer à la Discussion