Quelque 5,9 millions de Guinéens étaient invités aux urnes, dimanche, pour les premières élections municipales organisées dans le pays depuis 2005. L'opposition pointe des cas de fraude dans plusieurs bureaux de vote.
Des responsables de l'opposition en Guinée ont dénoncé des fraudes massives lors des élections locales de dimanche 4 février, les premières depuis 2005.
"Il y a une fraude à l'échelle nationale", a déclaré après la fermeture des bureaux de vote l'une des figures de l'opposition, l'ancien Premier ministre Sidya Touré (1996-1999). "Nous constatons des problèmes, notamment celui de l'encre, dans pas mal de bureaux de vote", a expliqué à la presse, sans plus de détails, celui qui préside l'Union des Forces républicaines (UFR). Il a cité également le cas d'un "sous-préfet" qui a voulu "changer le président d'un bureau de vote" à Tanéné, dans le nord-ouest du pays.
La fin d'après-midi, lorsque l'affluence constatée le matin n'était plus au rendez-vous, a été le "moment choisi par certains chefs de quartiers qui détenaient des dizaines de procurations, pour les livrer à des partisans du pouvoir", a affirmé Sidya Touré. Il a cité trois communes de la capitale Conakry : Dixinn, Matam et Matoto, "où un chef de quartier a été pris par des électeurs de l'opposition en possession de 2 000 procuration qu'il était prêt à introduire dans les urnes".
"Si la transparence est au rendez-vous..."
L’ancien Premier ministre s'est toutefois dit "confiant" de l'emporter, à condition que les opérations de dépouillement supervisées par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), qui ont commencé dans la soirée, se déroulent correctement. "Si la transparence est au rendez-vous, je pense bien que les résultats de l'UFR seront étonnants. Si les résultats sont faussés, nous ne les accepterons pas", a-t-il prévenu.
La Céni a indiqué qu'elle espérait proclamer les résultats "le plus tôt possible".
"Nous allons démontrer que le président Alpha Condé a, à l'aide de l'administration, volé cette élection, ce qui ne lui profitera pas", a pour sa part lancé un autre ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo (2004-2006), chef de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti de l'opposition.
Échauffourées
Des échauffourées ont eu lieu entre électeurs et entre des administrateurs territoriaux et électeurs de l'opposition ou candidats indépendants, selon des témoins.
Les dernières élections locales remontaient à 2005, sous la présidence du général Lansana Conté (1984-2008), dont le parti avait raflé plus de 80 % des suffrages. Après de nombreuses manifestations de protestation, souvent meurtrières, elles avaient été fixées à février 2017, puis à nouveau retardées en raison de divergences sur l'organisation du scrutin, pour être finalement convoquées en décembre par le président Condé pour le 4 février.
Pour désigner les dirigeants des 342 communes guinéennes, les quelque 5,9 millions d’électeurs devaient choisir parmi 29 554 candidats, dont 7 055 femmes, répartis sur plus de 1 300 listes. Les élus constitueront les conseils municipaux, chargés ensuite de désigner les exécutifs locaux.
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