Au moins 18 personnes ont été tuées dans le sud de l'Ethiopie lors d'affrontements ces derniers jours entre soldats et manifestants membres de l'ethnie sidama réclamant la création de leur propre région, a appris l'AFP ce lundi de sources hospitalières.
Un précédent bilan de source hospitalière avait fait état vendredi de quatre personnes tuées par balle à Hawassa, la capitale régionale, théâtre de manifestations jeudi. Les forces de sécurité, parmi lesquelles des soldats, sont parvenues à prendre rapidement le contrôle de la ville qui était calme ces derniers jours. Mais les violences se sont poursuivies durant le week-end et lundi matin dans d'autres villes, alourdissant le bilan.
Un responsable d'un hôpital de Woreta Rassa, à une trentaine de kilomètres d'Hawassa, a affirmé ce lundi que 12 personnes étaient mortes après avoir essuyé des coups de feu tirés par des soldats à la fin de la semaine dernière. «Douze personnes de la communauté ont été tuées et 19 blessées», a déclaré ce responsable à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat. «Ils combattaient les militaires».
A Yirgalem, à environ 40 km au sud d'Hawassa, deux des dix personnes qui avaient été admises à l'hôpital sont mortes, a indiqué le directeur de l'établissement, Gudura Funte. Un homme, «touché par balle à 04h du matin aujourd'hui [lundi], a été admis dans la matinée et il est mort. Les autres étaient arrivés vendredi, samedi et dimanche». La situation s'est stabilisée lundi après-midi, a-t-il ajouté.
Le bilan donné lundi de sources hospitalières est sans doute incomplet, des violences ayant également été constatées dans d'autres zones. Selon des militants sidama, plus de 60 personnes ont été tuées mais ce bilan n'a pas pu être vérifié. Le chef du département de la Santé sidama, Derese Desalegn, a indiqué qu'il prévoyait de dépêcher mardi des responsables dans les zones touchées pour commencer à rassembler des données complètes sur les victimes. Vendredi, au moins 150 personnes avaient été arrêtées en liaison avec les violences, avait déclaré le maire d'Hawassa, Sukare Shuda, aux médias locaux.
Les Sidama s'efforcent depuis des années de quitter la Région des Nations, nationalités et peuples du Sud (SNNP). L'Ethiopie est divisée en neuf régions semi-autonomes dessinées sur les bases d'un fédéralisme ethnique. Sa Constitution exige que le gouvernement organise un référendum pour tout groupe ethnique souhaitant former une nouvelle entité dans l'année qui suit sa demande. Le Mouvement de libération sidama, fer de lance de la revendication d'une nouvelle région, a accepté la semaine dernière la tenue d'un référendum proposé par les autorités pour la fin de l'année. Mais mécontents que la déclaration d'une nouvelle région ne soit pas imminente, des militants avaient alors commencé à lancer des pierres sur les forces de l'ordre et à brûler des pneus.
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