Au Pavillon Afrique de la COP22 à Marrakech, mercredi 9 novembre 2016, une première table ronde s’est tenue sur l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (IAER, ou dite AREI par acronyme anglais) – trois sont prévues d’ici au 18 novembre, date de clôture du sommet. Ce plan de développement énergétique de l’Afrique, lancé il y a un an à Paris en marge de la COP21, bénéficie d’un réel engouement des bailleurs de fonds, du secteur privé et de la société civile africaine.
Cet ambitieux projet d’installation d’une capacité énergétique renouvelable à grande échelle sur le continent africain d’ici 2020 aurait un impact considérable sur la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.
«C’est ce type d’initiative dont nous avons besoin», a lancé, enthousiaste, Tosi Mpanu Mpanu, président du groupe des Pays les moins avancés (PMA), qui compte 34 Etats africains sur ses 42 membres. «C’est un projet qui apporte des solutions. Il permet de renforcer la coopération entre les pays, il nous faut travailler main dans la main pour sa réalisation. Ce plan doit mieux servir les PMA africains et identifier les besoins des autres PMA sur les autres continents».
Pour Sokona Youba, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et l’un des initiateurs de l’Initiative, l’IAER doit donner l’électricité à tous les Africains, tout en combattant le changement climatique.
«Notre ambition est de produire 300 GW d’électricité en 2030. Ce n’est pas rien ! Car nous devons satisfaire le maximum de personnes», a-t-il insisté, appelant à une coopération intra-régionale pour développer les projets. «Tout type d’énergie renouvelable doit être promu. Nous devons mobiliser les capacités en Afrique, les renforcer là où elles n’existent pas. Nous avons un calendrier à respecter», a prévenu Sokona Youba.
2 milliards de dollars de la BAD
Un certain nombre d’engagements avait été pris dans la capitale française en décembre 2015, lors du lancement officiel de l’IAER, qui commence à se traduire en actes. Le 6 novembre 2016, le gouvernement français et la Banque africaine de développement (BAD) ont ainsi signé, à Abidjan, un accord d’un montant de 7,8 millions de dollars pour la mise en œuvre de l’IAER. Ces ressources doivent permettre de mettre sur pied l’Unité d’exécution de l’Initiative, que la BAD se propose d’héberger.
Membre du panel, le directeur du Département du développement du secteur financier de la BAD, Stefan Nalletamby a confirmé, au nom de la Banque, sa volonté d’appuyer l’Initiative: «La BAD a désormais un département dédié aux énergies renouvelables et va accompagner la mise en œuvre des CPDN (Contributions déterminées au niveau national)». Et d’ajouter: «La Banque soutient le projet de l’Initiative et nous y investirons 2 milliards de dollars EU entre 2017 et 2020 ».
Développer l’IAER requiert au moins 20 milliards de dollars d’investissements d’ici à 2020. Mobiliser 5 milliards de dollars de financements publics et de financement à des taux préférentiels en provenance de sources bilatérales, multilatérales et autres –dont le Fonds vert pour le climat– entre 2016 et 2020 exercerait un effet de levier pour capter les 15 autres milliards de dollars d’investissements nécessaires.
Secteur privé et société civile…
Largement représentés dans la salle de conférence, le secteur privé et la société civile ont perçu l’enjeu de s’approprier l’Initiative. Ils entendent bien y jouer un rôle majeur.
«D’abord, ce qui serait intéressant, c’est de regrouper les acteurs du secteur privé, qui sont pour beaucoup des commerçants, a déclaré Fatima Dia, chargée du secteur privé au Conseil patronal du Sénégal. Ensuite, il va falloir que le secteur privé soit à l’endroit où les décisions sont prises en termes d’orientation. Ce ne sont pas de bons samaritains, ils viennent se faire de l’argent. Enfin, nous avons besoin d’encadrement, de renforcement de capacités».
Un plaidoyer dans lequel s’est inscrit Kouamé Kondo, membre de l’organisation Amis de la terre Afrique: «Le projet donne espoir, avec l’engagement des chefs d’Etat. Cependant, la participation de la société civile doit être effective. Elle doit faire partie du Conseil d’administration de l’Initiative afin de représenter les populations, Il est important qu’on y mette l’accent».
En réponse, le vice-président du GIEC, Sokona Youba, leur a lancé un appel: «Faites parties du succès, de ce rêve ! Ce n’est pas une question de bavardage. Une autre table ronde des ministres est prévue pour voir la faisabilité du projet et nous pensons qu’ils vont faire avancer les choses. Alors, même si vous, société civile et secteur privé, ne faites pas partie du Conseil d’administration, accompagnez le projet», a-t-il plaidé.
1 Commentaires
Anonyme
En Novembre, 2016 (09:32 AM)Où en est on avec le PROJET D'AFRICA LIGHT de AKON qui traite du même sujet ? Pourquoi les Africains ne veulent pas des Initiatives de leurs propres fils qui volontairement veulent s'investir chez eux ?
Pourquoi ne fait on pas confiance à notre capacité d'initier et de mettre en oeuvre ?
pourquoi préfère -t-on les autres aux nôtres ?
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