La Sierra Leone, un des trois pays africains frappés de plein fouet par Ebola, a entamé dans la nuit de jeudi à vendredi un confinement d'une ampleur inédite de sa population pendant trois jours, avec une campagne porte-à-porte géante visant ses six millions d'habitants.
"La période est exceptionnelle et les périodes exceptionnelles exigent des mesures exceptionnelles", a déclaré le président du pays, Ernest Koroma, au cours d'une allocution solennelle à la télévision et la radio pour lancer officiellement la campagne.
"Cette campagne de trois jours ne va pas mettre un terme à elle toute seule à la propagation d'Ebola, mais si tout le monde suit les recommandations des équipes de sensibilisation, elle va beaucoup aider à inverser la tendance d'accélération de la transmission de la maladie", a-t-il ajouté.
La mobilisation internationale a par ailleurs franchi un palier, le Conseil de sécurité, saisi en urgence par les Etats-Unis, ayant adopté jeudi une résolution unanime pour mobiliser contre la progression foudroyante de l'épidémie, qualifiée de "menace pour la paix et la sécurité internationales".
C'est la première fois que le Conseil qualifie ainsi une urgence sanitaire et une des très rares fois dans son histoire où il se prononce sur une crise de santé publique. Il ne l'avait fait auparavant qu'à deux reprises, en votant des textes sur le Sida en 2000 et 2011.
L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique identifiée en 1976, a tué au moins 2.630 personnes sur 5.357 cas, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), arrêté au 14 septembre.
Au Liberia, de loin le plus touché (1.459 morts sur 2.720 cas), une volontaire française de Médecins sans Frontières (MSF) contaminée dans la capitale, Monrovia, a été rapatriée en France dans la nuit de jeudi à vendredi, et doit être admise dans un hôpital de la région parisienne équipé spécifiquement pour éviter toute échappée d'agents contaminants à l'extérieur.
En Guinée, sept responsables locaux et journalistes guinéens portés manquants après des heurts mardi lors d'une campagne de sensibilisation à Ebola dans le sud du pays, région la plus touchée, ont été retrouvés morts, tués par les habitants du village de Womé, en fuite pour la plupart, a annoncé jeudi le gouvernement.
La lutte contre Ebola, maladie à fort taux de mortalité, contre laquelle il n'existe aucun traitement et jusqu'à présent inconnue en Afrique de l'Ouest, s'est heurtée à des réactions de déni, parfois violentes, des populations, mais c'est la première fois qu'elles aboutissent à des morts.
- 'Inverser la tendance' -
En Sierra Leone, les autorités ont mobilisé près de 30.000 personnels (7.136 équipes de quatre personnes), pour rendre visite à 1,5 million de foyers à partir de minuit (heure locale et GMT) dans la nuit de jeudi à vendredi.
Les équipes distribueront à chaque foyer un savon et des documents sur Ebola et installeront dans chaque quartier des comités de veille. Mais elles n'entreront pas dans les domiciles et alerteront les services spécialisés si elles découvrent des malades ou des morts, a précisé le gouvernement.
S'attendant une augmentation des cas recensés (1.673 déjà, dont 562 morts) qui pourrait aller jusqu'à 20% lors de cette opération, les autorités ont prévu des lits supplémentaires dans tout le pays, dont près de 200 autour de la capitale Freetown.
La population sera autorisée à sortir pour des nécessités essentielles, comme chercher de l'eau, et à aller prier à proximité à l'église ou à la mosquée après 18H00.
Les habitants se pressaient dans les rues pour faire des provisions de denrées de base: huile, riz, pommes de terre et manioc, provoquant des embouteillages.
"Nous prions pour que l'opération mette fin à ce fléau", a affirmé Samuel Johnson, 60 ans, qui a récemment perdu un de ses trois enfants, emporté par Ebola.
Mais les spécialistes de santé publique doutaient de l'efficacité de mesures aussi coercitives face à l'épidémie.
L'ex-président de MSF Jean-Hervé Bradol a jugé cette initiative "hautement irréaliste", doutant que les autorités puissent "visiter l'ensemble des foyers en trois jours" et soulignant que beaucoup d'habitants "n'ont pas les ressources pour rester trois jours à la maison sans sortir".
3 Commentaires
Thierry12
En Septembre, 2014 (06:33 AM)Correction
En Septembre, 2014 (09:46 AM)personne n est autoriser a aller prier ou aller faire quoi que soie la police tourne en rond de même que les militaires pour obliger les gens a ne pas sortir. Tous le monde dois rester chez lui.
je suis a Freetown cette mesure ne lai aide en rien juste sombrer l économie encore.
plus de 60% de la population vivent quotidiennement.
il faut juste regarder le cas de Liberia il ont fais 21 jours mais la maladie est devenue pire.
Luda
En Septembre, 2014 (16:19 PM)Avec des evenemrnts comme ca, on comprend pourquoi beaucoup sont racists envers les africains
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