Depuis la crise du Covid-19, le pays est le premier a avoir demandé un rééchelonnement de sa dette. Elle atteint près de la moitié du PIB si l’on considère à la fois la dette extérieure et la dette intérieure. Le FMI a multiplié les programmes de soutien et s’est engagé à fournir 560 millions de dollars pour les quatre années à venir. Les entreprises tchadiennes souvent très dépendantes de l’Etat attendent avec impatience l’arrivée de fonds publics.
Daouda Bichara est le président du CNP, le Conseil national du patronat tchadien. Depuis quelques années, l’État s’est endetté auprès des entreprises et des banques ce qui freine l’activité globale. Le secteur privé attend donc avec impatience les résultats du sommet de Paris.
«?Aujourd’hui, l’État doit beaucoup d’argent aux banques, et si l’État payait ces banques, alors je crois que les choses pourraient s’améliorer. Et l’on espère qu’avec cette réunion (le sommet de Paris NDLR), le Tchad aura peut-être la chance qu’une partie de sa dette soit épongée et que le pays pourra se relancer?», dit Daouda Bichara
Des améliorations constatées
Depuis 2020, les finances de l’État se sont quelque peu améliorées. Le FMI a décaissé un total de 184 millions de dollars dans la cadre de l’aide d’urgence. De plus, un programme sur quatre ans vient d’être conclu. Il permettra d’injecter 560 millions de dollars supplémentaires dans l’économie tchadienne.
De fait, certains entrepreneurs constatent déjà des améliorations, c’est le cas de Ali Annadif, président du groupe Almahri, présent notamment dans le BTP. Depuis 2013 ses projets étaient pour la plupart gelés faute de fonds publics. «?Nos projets qui sont financés par l’État ont pu reprendre en 2020 et 2021. Donc, c’est certain que les ressources que l’État a pu avoir ont eu des répercussions positives pour les projets.?»
Des secteurs qui auraient pu disparaître
L’économie tchadienne a souffert à la fois de la crise pétrolière de 2014 et d’une mauvaise gouvernance. Ainsi le secteur cotonnier a failli disparaître avant qu’un investisseur providentiel, le Singapourien Olam ne rachète en 2018 les activités de CotonTchad.
«?L’arrivée de Olam au Tchad a permis, primo, de sauver la CotonTchad d’une faillite certaine?», explique Ibrahim Malloum secrétaire général de CotonTchad. « La société n’arrivait même pas à payer le coton qu’elle prenait auprès des paysans. La confiance est revenue et les paysans se sont remis à la culture cotonnière. La production tchadienne était descendue à quinze mille tonnes de coton graine. Mais dès la première année (de reprise par Olam NDLR), nous sommes passés à 114 000 tonnes.?»
Devenir un pays attractif
L’exemple d’Olam démontre que le Tchad peut devenir un pays attractif, d’autant que les secteurs où investir sont nombreux. «?Au Tchad, il n’y a pas d’électricité. Les groupes électrogènes coûtent extrêmement cher et nous demandons aux gens de venir investir dans l’énergie. Le deuxième point, c’est l’agriculture. Nous avons beaucoup d’espaces qui demandent à être développés.?», indique Daouda Bichara, président du CNP.
Depuis 2018, le Tchad tente de diversifier son économie et mise notamment sur le secteur de l’élevage. Mais les investissements publics sont encore trop timides pour améliorer de façon substantielle le quotidien de la population.
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