Deux personnes sont mortes samedi dans une manifestation d'opposants réprimée dans le centre du Togo, selon un responsable de la sécurité, tandis qu'à Lomé la police a tiré des grenades lacrymogènes pour empêcher une marche en faveur de réformes politiques dans ce pays dirigé depuis un demi-siècle par une dynastie familiale.
A Sokodé, à environ 336 km au nord de la capitale, la manifestation a fait 2 morts, selon un responsable du ministère de la Sécurité.
« Pour le moment, selon des sources hospitalières à Sokodé, on a enregistré 2 morts dont un par balle. La deuxième personne serait sûrement décédée dans des bousculades. Au moins 25 personnes ont été blessées dont 12 gendarmes », a-t-il indiqué à l’AFP.
« Le calme est revenu à Lomé et dans toutes les localités où se sont déroulées ces manifestations », a ajouté ce responsable.
Dans la capitale, des milliers de manifestants avaient répondu à l’appel du Parti national panafricain, vêtus pour la plupart de tee-shirts rouges, la couleur du PNP. Ils ont rapidement été dispersés sur le lieu du rassemblement par des gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l’AFP.
Vendredi, les ministres de la Sécurité et de l’Administration territoriale avaient proposé un itinéraire aux organisateurs de la manifestation mais ceux-ci ont refusé et maintenu leur propre itinéraire.
Selon le ministre de la Sécurité, le colonel Yark Damehame, l’itinéraire choisi par les manifestants visait à bloquer les activités de la capitale.
Le PNP avait également prévu des marches dans certaines autres villes du Togo qui ont également été dispersées, ont rapporté des journalistes de médias privés dans ces localités.
« Nous sommes fatigués de ce régime. Nous voulons les réformes avant les prochaines élections. C’est tout », a déclaré à l’AFP Idrissou Hama, l?un des manifestants au milieu de la foule à Lomé.
« Nous serons dans les rues tous les samedis, si le pouvoir en place ne montre pas sa volonté de faire les réformes dans un bref délai. Nous n’avons plus peur des gaz lacrymogènes », a renchéri un autre contestataire, Gounou Aléri.
Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma, – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans – à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée, avant d’être réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.
Le 3 août, les militants et sympathisants du Combat pour l’Alternance politique (CAP), le plus important regroupement de cinq partis de l’opposition, avaient manifesté à Lomé pour les mêmes raisons.
L’opposition togolaise réclame depuis dix ans que la Constitution – modifiée en 2002 – soit révisée, notamment afin d’y réintroduire une limitation des mandats présidentiels à 10 ans au plus.
Elle exige également un mode de scrutin à deux tours, une recomposition de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale.
Un projet de loi prévoyant ces réformes a été déjà rejeté en juin 2014 par le Parlement, dominé par le parti au pouvoir avec 62 sièges sur 91.
De nouveaux débats autour de deux propositions de lois, introduites par l’opposition n’ont rien donné, opposition et pouvoir s’accusant réciproquement de bloquer le vote.
Le 3 janvier, le président Gnassingbé a nommé les personnalités d’une commission créée en janvier 2015, chargée de proposer un texte de réformes institutionnelles et constitutionnelles. Mais aucune personnalité de l’opposition n’y figure.
Boudée par l’opposition, cette commission a entamé depuis le 31 juillet des consultations à travers le pays. Elle doit recueillir des avis et suggestions de la population pour proposer des réformes qui « tiennent compte de l’histoire du pays et répondent aux aspirations du peuple togolais ».
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