Le président rwandais Paul Kagame a critiqué vendredi l’attitude de son homologue et voisin burundais, Pierre Nkurunziza, qui se présente à un troisième mandat en dépit d’un mouvement de protestation à Bujumbura et des pressions internationales.
Si vos propres concitoyens vous disent: +nous ne voulons pas que vous fassiez ça ou que vous nous dirigiez+, peut-être sont-ils en train de dire que vous n’avez pas fait assez pour eux, a déclaré M. Kagame, interrogé sur la situation actuelle au Burundi, lors d’un symposium organisé par l’université de Saint-Gall, en Suisse.
Comment pouvez-vous alors dire: +je reste, que vous vouliez de moi ou non+? C’est un problème très sérieux, a poursuivi M. Kagame, dont les propos, filmés, ont été mis en ligne sur le site YouTube ainsi que sur le compte Twitter de la présidence rwandaise.
Le Burundi traverse une profonde crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a été désigné par son parti le 25 avril pour briguer un nouveau mandat à la tête de ce petit pays qu’il dirige depuis 10 ans. Vendredi, M. Nkurunziza a officialisé sa candidature auprès de la commission électorale du pays.
L’opposition et la société civile manifestent depuis 13 jours contre cette candidature, essentiellement dans la capitale Bujumbura, arguant que la Constitution du Burundi et les accords de paix signés en 2000 pour mettre fin à une longue guerre civile n’autorisent pas un troisième mandat.
Ces manifestations, interdites par le pouvoir et émaillées de heurts parfois violents opposant les contestataires à la police et aux jeunes du parti présidentiel, ont fait 18 morts.
La crise burundaise fera l’objet, mercredi prochain à Dar es Salaam (Tanzanie), d’un sommet spécial de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), dont font notamment partie le Rwanda et le Burundi.
Terrorisés par le climat préélectoral – des législatives sont prévues le 26 mai avant la présidentielle du 26 juin – plus de 50.000 Burundais ont déjà fui dans les pays voisins (République démocratique du Congo, Tanzanie et surtout Rwanda), a annoncé vendredi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
Plus de 25.000 ont fui au Rwanda.
Il faut que les dirigeants du Burundi réalisent qu’ils doivent faire plus et mieux que ce qu’ils ont fait jusqu’à présent pour stopper ce flux de réfugiés, a commenté sur ce point M. Kagame, ajoutant que son pays ferait de son mieux pour les accueillir, en coordination avec le HCR.
Paul Kagame est au pouvoir au Rwanda depuis que sa rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, aujourd’hui parti au pouvoir) a mis fin au génocide de 1994.
Vice-président et ministre de la Défense après le génocide, il est alors déjà celui qui tient les rênes du pays, avant d’être élu président en 2003 avec 95% des voix et réélu encore triomphalement (93%) en 2010.
La Constitution rwandaise lui interdit un troisième mandat. Soupçonné par son opposition de vouloir modifier les règles pour se maintenir, M. Kagame, qui a souvent été interrogé sur la question, répond qu’il appartiendra au peuple rwandais de décider à l’expiration de son second septennat.
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