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Afrique

Crise anglophone au Cameroun : le meurtre d’une jeune femme suscite l’indignation

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Un soldat du Bataillon d'intervention rapide (BIR), à) Buea, dans le Cameroun anglophone, en octobre 2018.(Illustration)
Les forces de défense camerounaises et le gouvernement autoproclamé de l’Ambazonie se rejettent mutuellement la responsabilité de l’assassinat barbare d’une jeune femme. Le crime, qui a été filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, suscite des condamnations unanimes.

« Horreur », « barbarie », « sauvagerie »… C’est par ces qualificatifs que la presse camerounaise décrivait, ce 13 août, le meurtre d’une jeune femme tuée à coups de machette par des individus non identifiés, filmé dans une vidéo devenue virale. Selon des sources concordantes, la scène s’est déroulée le 11 août, aux alentours de 14 heures, dans la localité de Muyuka, dans la région du Sud-Ouest.

« Un acte inhumain, inacceptable ! »

La victime, Achiri Comfort Tumasang, 35 ans et mère de quatre enfants, était accusée par ses bourreaux de collaborer avec les forces de défense camerounaises. « Cette accusation vient du fait qu’elle a passé le week-end avec un soldat, acte considéré par les combattants séparatistes comme une trahison », explique dans un rapport le Centre des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique (CHRDA), une organisation dirigée par l’avocat Agbor Balla.

Depuis la diffusion de cette vidéo macabre, une vague d’indignation s’est emparée de la sphère publique camerounaise. Des leaders de la société civile aux hommes politiques, c’est l’ensemble de la communauté nationale qui a uni sa voix pour condamner cet acte. « Quelle qu’en soit la cause, c’est un acte inhumain, inacceptable ! », s’est ainsi offusqué le bâtonnier Akere Muna sur son compte Twitter.

Pour le député Cabral Libii, leader du PRCN, cette vidéo constitue « un « aperçu » de cet autre visage de la crise en cours dans la partie dite anglophone du Cameroun ».

« Nous ne pouvons pas tuer les mêmes personnes que nous prétendons vouloir libérer du joug de la dictature », estime Agbor Balla, avocat et militant des droits de l’homme, qui insiste : « Justice doit être rendue ». Un appel qui trouve un écho dans toutes les composantes de la société camerounaise.

Chaque partie se rejette la faute

Mais pour cela, il faudra identifier les coupables. Et pour le moment, chaque partie prenante au conflit qui secoue les régions anglophones du pays se rejette mutuellement la faute. Dans un communiqué publié ce jeudi, René Emmanuel Sadi, le ministre camerounais de la Communication, accuse ainsi « les bandes armées terroristes sécessionnistes qui continuent de semer la terreur dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest » d’être à l’origine de ce crime.

Des accusations que réfutent les leaders du mouvement séparatiste. « Les premières enquêtes menées par nos services de renseignement ont mis en évidence des disputes familiales n’ayant aucun rapport avec notre lutte (…). Nous avons des preuves qu’ils s’agit de personnes qui ont été embauchées pour commettre des actes criminels et sauvages dans le but de discréditer les forces d’autodéfense d’Ambazonie auprès de la communauté internationale », peut-on lire dans un communiqué signé par Dabney Yerima.

Selon une source proche du leader sécessionniste Sisiku Ayuk Tabe, le mouvement ambazonien serait favorable à l’ouverture d’une enquête internationale pour faire la lumière sur ce qu’il considère être « un crime de guerre ».

Une opinion que ne partagent pas les autorités camerounaises, qui dénoncent « des mensonges et manœuvres fallacieuses » visant à imputer « ces crimes odieux aux forces de défense camerounaises ».

Une longue liste d’exactions

Car loin d’être un cas isolé, l’assassinat de Achiri Comfort Tumasang survenu à Muyuka rejoint une longue liste d’exactions similaires et dont la fréquence s’est accrue. Le 4 août, à Bamenda, Mbah Treasure, une jeune femme, a été assassinée dans des circonstances semblables.

Le 10 août, le corps sans vie d’un homme a été retrouvé dans une rivière, jeté à côté de sa moto sous un pont, près de Bamenda. La victime, Piayu Ibrahim, un professeur de chimie au lycée technique de Santa, aurait été tué par des combattants séparatistes pour non-respect du « ghostown ».

Selon le CRDHA, les séparatistes armés continuent de perpétrer des actes de violence contre des civils, malgré les appels au cessez-le-feu lancés par le secrétaire général des Nations unies. Dans un rapport publié ce 12 août, l’association documente ainsi de nombreux violences commises à l’encontre de civils par des combattants séparatistes.

« Ils kidnappent, torturent, mutilent et tuent des civils non armés. Ils mènent également des attaques meurtrières contre les militaires dans les zones résidentielles civiles qui font souvent des victimes. De même, ils recrutent de force des civils », indique leur rapport. Dix mois après la tenue du grand dialogue national, les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peinent toujours à retrouver la paix.


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