Les juges de la Cour pénale internationale ont débuté jeudi soir leur délibéré dans l’affaire Ongwen. Ancien chef de brigade dans l’Armée de résistance du Seigneur, le milicien répond de 70 accusations de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre dont des meurtres, des viols, des mariages forcés, des persécutions, pillages et conscriptions d’enfants de moins de 15 ans. Ces crimes auraient été commis dans le nord de l’Ouganda entre 2002 et 2005, au plus fort de la guerre opposant la milice de Joseph Kony au pouvoir de Yoweri Museveni.
Les traits sont passablement vieillis par trois années de procès. Cet homme, assis au banc des accusés, a été enlevé par l’Armée de résistance du Seigneur lorsqu’il était enfant. Est-il dès lors victime ou bourreau ? C’est l’une des questions de ce procès. Et l’un des arguments phares de son avocat, Maître Krispus Odongo. « Honorables juges, M. Ongwen qui est devant vous, n'était qu'un enfant quand il a été enlevé, brutalisé et transformé en machine de combat. Il est une victime, tout comme d'autres anciens soldats qui voulaient s'échapper et qui participent maintenant, dans cette salle d'audience, en tant que victimes. Il est une victime et ce point, honorables juges, n'est pas contesté par l'accusation. »
« Pas d’immunité… »
Vrai, le substitut du procureur ne nie pas l’évidence. Mais pour Ben Gumpert, les crimes commis dans le passé ne peuvent être un passeport pour l’impunité. « Nous ne sommes pas ici pour nier que Dominic Ongwen a été victime d'un enlèvement. Il ne fait aucun doute que la façon dont il a été traité lors de son enlèvement était similaire au traitement atroce, comme nous l’avons entendu, qui a été infligé aux jeunes enlevés de l'unité qu'il a lui-même conduite de nombreuses années plus tard. Mais la ligne de défense selon laquelle cela devrait lui donner, en quelque sorte, une immunité à l’égard des atrocités qu’il a lui-même commises est intenable ».
Le procureur admet que l’enrôlement forcé de l’accusé dans la terrible milice de Joseph Kony pourrait compter parmi les circonstances atténuantes, lorsque les juges fixeront la peine. Ces magistrats ont désormais débuté leur délibéré. Ils ont jusqu’à janvier 2021 pour prononcer leur verdict.
La justice tiendra compte du passé d'enfant soldat d'Ongwen
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