Le procès aux assises du commandant Jean-Noël Abéhi et de onze co-accusés, poursuivis notamment pour « complot contre l’autorité de l’État » a livré son verdict tard dans la nuit de jeudi. L’ex-homme fort du dispositif sécuritaire de Laurent Gbagbo lors de la crise postélectorale de 2011 et trois de ses co-accusés ont écopé de dix ans de prison ferme.
Le procureur avait réclamé pour l’ensemble des accusés, une réclusion à perpétuité. La cour du tribunal du Plateau, à Abidjan, ne l’a pas suivi. En infligeant dix ans de prison à Jean-Noël Abéhi et à trois autres de ses co-accusés et en relaxant purement et simplement huit autres, la cour n’a retenu que le « complot contre l’autorité de l’État » et conclu à des « circonstances atténuantes ».
Les charges initiales portaient également sur « constitution de bandes armées », « vol et tentative de vol d’armes et de munitions », « attentat à la sûreté de l’État », « tentative de déstabilisation d’un régime constitutionnel ».
La thèse du « contre coup d’État »
Il faut dire qu’Abéhi s’est montré coopératif lors de ce procès, tentant d’expliquer ses motivations quant à la principale pièce à conviction du dossier : une vidéo de quelques minutes enregistrée à Accra, dans laquelle il se proclamait « chef de l’exécutif » ivoirien et annonçait « la dissolution des institutions ».
« Cette vidéo que j’ai sortie n’a rien à voir avec le complot contre l’autorité de l’État, avait-il indiqué à la barre. En fait c’est un contre-coup d’État que je voulais faire contre ceux qui avaient prévu de faire un coup d’État », à savoir des officiers pro-Gbagbo, alors exilés, comme lui, au Ghana.
Me Raoul Gohi Bi, avocat d’Abéhi a décidé de contester le verdict en appel, dès ce vendredi. « Je pense que cette décision manque un peu de courage », a-t-il affirmé.
« On aurait pu aller jusqu’au bout dans ce courage-là pour arriver à l’acquittement. J’ai le sentiment qu’on a voulu donner l’impression que l’on a été gentil en laissant toutefois planer l’accusation, ce que, moi, je n’aime pas en droit. Je ne sais pas ce que signifie avoir des circonstances atténuantes dans ce genre de situation. »
Arrêté en février 2013 à Accra, au Ghana, et extradé à Abidjan, Abéhi avait déjà été jugé et condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme pour désertion par un tribunal militaire, en août 2015.
Près de cinquante personnes civiles et militaires proches de la mouvance pro-Gbagbo doivent être jugées par la cour d’assises dans six affaires distinctes. Les prochains procès seront ceux de l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo, Gilbert Aké N’Gbo et l’ancien ministre de la Défense, Moïse Lida Kouassi.
2 Commentaires
Latdior2012
En Janvier, 2018 (10:40 AM)Anonyme
En Janvier, 2018 (23:38 PM)Participer à la Discussion