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Côte d’Ivoire : comment Kafolo est devenu un « lieu de ravitaillement des jihadistes »

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Côte d’Ivoire : comment Kafolo est devenu un « lieu de ravitaillement des jihadistes »
Selon les services de sécurité ivoiriens, l’attaque du poste militaire de Kafolo, dans la nuit du 28 au 29 mars, s’inscrit dans une stratégie de prise de contrôle de cette zone située près de la frontière avec le Burkina Faso.

Un peu plus d’une semaine après l’attaque du poste militaire de Kafolo, dans le nord de la Côte d’Ivoire, la lumière commence à se faire sur les circonstances de  cet assaut attribué à des jihadistes – le second en moins d’un an dans cette zone proche du Burkina. « Le mode opératoire des jihadistes est celui qu’ils emploient au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Ils ont attaqué de toutes parts pour tenter de déborder les troupes », confie une source militaire de haut rang.

Les hostilités ont démarré dès minuit, dans la nuit du 28 au 29 mars. Profitant de l’obscurité due à une coupure d’électricité provoquée par la pluie battante qui s’est abattue sur la région ce soir-là, près d’une centaine d’hommes armés, juchés sur une quarantaine de motos, ont fondu sur le camp, l’attaquant sur plusieurs fronts à la fois.

« La violence était inouïe »

Dès le début de l’engagement, les assaillants – des « jihadistes », selon les autorités – ont tiré une roquette incendiaire sur le cantonnement des forces spéciales, installées dans la caserne. L’un des hommes a été tué. D’autres tirs de roquette se sont abattus sur la citerne de carburant destinée au ravitaillement. Un soldat qui se reposait dans l’un des bâtiments a péri dans les flammes. « La violence était inouïe. Les premiers jihadistes abattus l’ont été juste à l’entrée du camp, preuve de leur témérité et de leur détermination, précise l’officier précédemment cité sous couvert d’anonymat. Leur objectif était la destruction totale du camp. »

Les assaillants ont finalement été repoussés par les Forces spéciales ivoiriennes – déjà présentes sur la base – et par des éléments du 1er Bataillon des commandos parachutistes (BCP, qui avaient été déployés à Kafolo au lendemain de l’attaque perpétrée en juin dernier). Selon nos sources, l’assaut n’aura duré qu’une trentaine de minutes, avant que les assaillants ne rebroussent chemin, laissant sur place des fusils d’assaut AK-47 et une mine antipersonnel dissimulée dans un jerrican d’essence. Trois d’entre eux ont été tués et dix ont été arrêtés.

    "Une économie parallèle s’est vite développée dans la région. Notre positionnement avancé gène leurs activités illicites.

Ils ont également abandonné une radio VHS, qui a permis aux militaires ivoiriens d’en localiser certains. Une frappe aérienne a été menée par un hélicoptère de combat basé à Kong, la grande ville voisine, sans résultat. La colonne jihadiste a pris la fuite du côté burkinabè de la frontière.

Jihadisme et trafics

Dans les heures qui ont suivi cette attaque, un haut gradé ivoirien confiait à Jeune Afrique que « le mode opératoire est celui d’une attaque terroriste » et précisait que « les premiers indices en notre possession montrent que ce sont les hommes de la katiba Macina, du chef terroriste malien Amadou Koufa. »

Une semaine plus tard, la thèse jihadiste se confirme. Selon plusieurs sources sécuritaires, le harcèlement des soldats et gendarmes s’inscrit dans une stratégie de prise de contrôle de cette zone frontalière, lieu de nombreux trafics.

« Une économie parallèle s’est développée dans la région, où l’on voit désormais des maisons huppées sortir de terre, poursuit une source militaire basée à Kafolo. La localité est devenue le lieu de ravitaillement en logistique et en vivres des jihadistes du Mali et du Burkina Faso, qui y font de la surenchère, et notre positionnement avancé gène leurs activités illicites. »

Le ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara– qui a été confirmé dans ses fonctions, avec rang de ministre d’État, le 6 avril –, et le chef d’état-major des armées, le général Lassina Doumbia, se sont rendus sur place le 1er avril, le temps de partager un repas avec les militaires basés à Kafolo et de faire le point sur la situation. Des hommes qui ont « su faire face avec héroïsme à cet ennemi qui a érigé la perfidie en règle », a insisté le général Doumbia. Si rien n’a encore été officiellement annoncé, les autorités ont, selon nos sources, l’intention de renforcer le dispositif militaire dans cette région.


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