Pour le troisième anniversaire de son « appel de Daoukro », ce dimanche, Henri Konan Bédié a appelé à un renforcement de l’alliance entre le PDCI et le RDR, comme l’avait fait Alassane Ouattara une semaine plus tôt.
Jamais les mots d’Henri Konan Bédié n’avaient été aussi attendus depuis l’appel de Daoukro le 17 septembre 2014. Trois ans jour pour jour après ce discours du chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ce dimanche, la grande place de la petite ville située à 230 kilomètres au nord d’Abidjan s’est à nouveau remplie de monde.
Pagnes au vert de leur parti, plus de 7000 militants se sont massés sous le soleil. À l’ombre de la tente d’honneur, tout ce que le plus vieux parti de Côte d’Ivoire compte de figures encadraient l’ancien chef d’État : Daniel Kablan Duncan, le vice-président ivoirien, Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif du PDCI, Emmanuel Niamien N’Goran, l’ex-inspecteur d’État ou encore l’ancien ministre Jean-Louis Billon.
À leurs côtés, la présence d’Affoussiata Bamba-Lamine, venue représenter Guillaume Soro n’est pas passée inaperçue. Alors que les tensions sont vives avec le chef de l’État, ni le président de l’Assemblée nationale ni ses proches ne s’étaient rendus au troisième congrès de leur parti, une semaine plus tôt. Mais ce sont les caciques du Rassemblement des républicains (RDR) dont Henri Konan Bédié s’est montré proche. La nouvelle présidente, Henriette Dagri Diabaté, et la nouvelle secrétaire général du parti présidentiel étaient là, tout comme le ministre de la Défense, Hamed Bakayoko.
Finie la brouille
L’image ne mentait pas : après des mois de turbulences, les deux partis alliés sont à nouveau ensemble, côte à côte. Finie la brouille, voilà le message qu’Henri Konan Bédié a lancé à ses cadres et militants ce dimanche.
« Dans un couple ou dans une alliance, il y a toujours des hauts et des bas. (…) C’est pourquoi nous devons tous désarmer nos plumes et nos langues, taire nos querelles de clochers, nos verbiages creux et nos dérives langagières pour aller vers un seul objectif, celui de renforcer notre alliance, le RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix], pour renforcer la paix », a-t-il ainsi déclaré, réaffirmant sa volonté d’aller vers un parti unifié.
Main tendue d’Alassane Ouattara
Depuis sa ville natale, Henri Konan Bédié saisit ainsi la main tendue par Alassane Ouattara une semaine plus tôt. « « À tous ceux qui se font des illusions, je veux dire, Bédié et moi nous sommes ensembles ! », a-t-il martelé lors du 3e Congrès du RDR, rappelant les épreuves traversées côte à côte, notamment les quatre mois passés à l’hôtel du Golf pendant la crise postélectorale en 2010/2011. « J’ai dit à Henri Konan Bédié que je pouvais demander à l’armée française de venir le chercher pour qu’il sorte d’ici. Il m’a dit : ‘Alassane, je reste avec toi !’ », s’est-il souvenu.
Tensions sur fond de succession
Des déclarations des deux leaders qui tentent ainsi de clore plus de trois mois de tensions et d’incompréhensions. En juin, les déclarations du chef du PDCI à Jeune Afrique avaient en effet mis le feu au poudre, suscitant l’ire du chef de l’État. « En 2020, le candidat du RHDP sera issu de mon parti », avait-il asséné. Henri Konan Bédié estime qu’il s’agit là du pacte conclut lors de l’appel de Daoukro. Si le 17 septembre 2014, il avait renoncé à présenter un candidat de son parti pour se rallier au président ivoirien pour la présidentielle d’octobre 2015, il avait aussi annoncé qu’en échange, le RDR devait lui rendre la pareil en 2020. Une « alternance » à laquelle le parti présidentiel ne s’estime pas tenu.
Sur ce point, Henri Konan Bédié ne varie pas. « Je bloque ces écrits devenus intangibles », a-t-il déclaré dimanche à Daoukro, sous les hourras de ses militants. À trois ans de la prochaine élection présidentielle, quel parti renoncera à présenter un candidat ? « Les ambitions sont certes légitimes, mais elles doivent être orientées, cordonnées. Tout le monde ne peut pas être président de la république, et en même temps », a prévenu le sphinx de Daoukro. La succession d’Alassane Ouattara, question la plus épineuse, reste plus que jamais ouverte.
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