Les autorités congolaises souhaitent le départ de Saskia de Lang, la représentante de l'Union européenne dans le pays. Mais Bruxelles ne l'entend pas de cette oreille.
« La position de Bruxelles n’a pas changé, nous confie une source au sein de la délégation de l’Union européenne (UE) au Congo-Brazzaville. Depuis mardi [le 17 mai], l’UE a en effet, par voie diplomatique, signifié aux autorités congolaises qu’elle renouvelle son appui et sa confiance à Mme Saskia de Lang. »
Brazzaville avait pourtant dépêché une semaine plus tôt, le 9 mai, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, dans la capitale européenne pour déposer une note verbale demandant le départ de la représentante de l’UE du territoire congolais.
Bras de fer entre Brazzaville et Bruxelles
S’achemine-t-on vers un bras de fer entre Brazzaville et Bruxelles ? En tout cas, « Saskia de Lang, représentante de l’UE chez nous, c’est mort ! » tonne un membre du gouvernement. À l’en croire, « pour l’instant, l’Union européenne ne cherche qu’à couvrir sa déléguée mais ça ne va pas durer longtemps, aucune institution n’ayant d’intérêt à maintenir en poste une personne récusée par les hautes autorités du pays d’accueil. »
Bruxelles rappellera sa représentante dans un délai raisonnable.
Mais les autorités congolaises n’iront pas jusqu’à déclarer Saskia de Lang persona non grata, selon une source gouvernementale qui croit savoir que « Bruxelles rappellera sa représentante dans un délai raisonnable ».
« Comportement global très méprisant »
Depuis son arrivée à Brazzaville en 2014, Saskia de Lang a toujours entretenu des rapports conflictuels avec les dirigeants du pays d’accréditation. « De manière permanente et univoque, elle utilise et adopte les positions de l’opposition radicale congolaise et fait montre d’un comportement global très méprisant envers les autorités du pays d’accueil », ajoute notre source.
Les rapports se compliquent encore davantage lorsque de Lang se positionne ouvertement contre le projet de changement de Constitution au Congo-Brazzaville en octobre 2015. Puis, inflexible, elle multiplie les prises de position – en privé et en public – invitant notamment l’UE à « ne pas cautionner » la réélection de Denis Sassou Nguesso lors de la présidentielle du 20 mars. Après avoir exigé que la Cour constitutionnelle la reçoive dans les 48 heures suivant sa missive, dénonce le ministère congolais des Affaires étrangères…
Des rapports compliqués avec Washington et Paris
À Brazzaville, Stephanie S. Sullivan, ambassadrice américaine, est également soupçonnée par les autorités congolaises de flirter trop souvent avec l’opposition politique. « Nous savons qu’elle défend des positions qui ne nous sont pas favorables », lâche une source proche du gouvernement. Les États-Unis ne se disent-ils pas d’ailleurs « profondément déçus du processus électoral biaisé en République du Congo ? »
« Mais Stephanie S. Sullivan n’a pas encore à ce jour posé des actes attentatoires à la dignité du pays d’accueil et aux rapports d’État à État », nuance-t-elle, soulignant que « l’ambassadrice américaine n’affiche pas le même activisme ni même mépris que la représentante de l’UE ».
Brazza cherche ambassadeur à Paris
Un peu à l’image de Jean-Pierre Vidon, ambassadeur de France au Congo-Brazzaville, qui arrive au terme de son mandat à la fin du mois de mai. Le diplomate français est déjà allé faire ses adieux au président, Denis Sassou Nguesso, et au Premier ministre, Clément Mouamba, tandis qu’au Quai d’Orsay, la nomination de son successeur se fait toujours attendre.
De son côté, l’ambassadeur du Congo en France, Henri Lopes, 78 ans, en poste depuis 1998, a annoncé sa retraite à Jeune Afrique depuis août 2015. Aucun candidat pressenti à sa succession n’aurait reçu l’assentiment des autorités françaises, selon des sources diplomatiques, le candidat malheureux au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) prend son mal en patience.
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