Une étude de la revue Science estime que le réchauffement climatique est un facteur de déstabilisation de l'Afrique subsaharienne.
On connaissait la locution latine : "si tu veux la paix, prépare la guerre" (Si vis pacem, para bellum). Mais, si l'on en croit une nouvelle étude publiée dans la revue Science et citée par Quartz , les Etats du XXIe siècle auraient plutôt intérêt à lutter efficacement contre le réchauffement climatique s'ils veulent réduire les risques de conflit.
Parce qu'elle raréfie notamment les ressources rares comme l'eau, la hausse des températures a augmenté le risque de conflit de 11% en Afrique subsaharienne depuis 1980, estiment deux chercheurs de l'université Berkeley (Californie).
Un pourcentage qui pourrait atteindre 54% d'ici 2030 et coûter la vie à 393.000 personnes si la tendance se poursuit. Certes, les guerres ont des causes multiples (tracé des frontières, rivalités de pouvoir, tensions ethniques et/ou religieuses), soulignent les deux spécialistes. Mais le climat représente souvent un "facteur majeur'' sous-estimé par les analystes des affaires étrangères.
250 millions de déplacés climatiques en 2050
Pour étayer leur thèse, ces chercheurs ont passé en revue une centaine d'études sur les impacts du réchauffement climatique. Il en ressort que la hausse des températures pourrait entraîner une réduction de la taille des récoltes de 20% d'ici 2050, mais aussi augmenter la mortalité infantile ou les infections au VIH. De quoi créer des troubles sociaux, voire de l'instabilité politique dans un continent déjà assez instable.
Sécheresses, désertification, salinisation des sols... Le changement climatique risque en outre de provoquer des migrations difficiles à contrôler. Dans un rapport publié en 2012, l'ONU prédisait 250 millions de déplacés climatiques dans le monde en 2050.
Le rôle de l'Afrique dans le réchauffement climatique est pourtant très faible. Les pays africains n'ont été responsables que de 2,5% des émissions carbone à travers le monde entre 1980 et 2005. Mais, compte tenu de leur retard économique, ils sont plus vulnérables pour répondre aux défis posés par le réchauffement climatique.
La guerre au Darfour, première guerre climatique ?
En 2007, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait qualifié le conflit au Darfour, qui a fait 300.000 morts et déplacé deux millions et demi de personnes depuis 2003, de "première guerre du changement climatique". Cette affirmation avait provoqué une prise de conscience mondiale, mais demande à être discutée, selon le chercheur Marc Lavergne.
Tout en admettant que le déséquilibre croissant entre populations et ressources avait exacerbé les tensions entre groupes tribaux pour l'accès à la terre et à l'eau dans cette région, ce spécialiste expliquait en 2010 dans la revue Tiers monde que "rien ne permet à ce stade de lier (cette guerre) au réchauffement climatique".
Adrien Lelièvre
En savoir plus sur www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/0211346699196-comment-le-rechauffement-climatique-augmente-les-risques-de-guerre-en-afrique-2031666.php?w9RCkqiA1oKQZYPI.99#xtor=CS1-33
2 Commentaires
Lougatois
En Octobre, 2016 (20:58 PM)Anonyme
En Octobre, 2016 (10:01 AM)Participer à la Discussion