L'ancien président du Liberia Charles Taylor, accusé de crimes contre l'humanité commis en Sierra Leone entre 1996 et 2002, sera fixé sur son sort jeudi, la justice internationale rendant son premier jugement contre un ancien chef d'Etat.
Un résumé de la décision sera lu par le juge samoan Richard Lussick à partir de 11H00 (09H00 GMT) lors d'une audience publique devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye, qui siège pour l'occasion dans les locaux du Tribunal spécial pour le Liban (TSL).
Le jugement sera retransmis sur plusieurs écrans au TSSL à Freetown, un bâtiment moderne spécialement construit pour accueillir le procès, finalement délocalisé en 2006 à La Haye par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Celui-ci avait craint que la présence de M. Taylor dans la capitale sierra-leonaise ne soit "une menace pour la paix".
Le verdict doit également être radiodiffusé en direct sur des lieux où avaient été perpétrés massacres et exactions dont Charles Taylor, 64 ans, est accusé d'être responsable.
L'ancien président du Liberia (1997-2003) est poursuivi pour avoir créé et mis en oeuvre une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, dans le but d'exploiter ses diamants, lors d'une guerre civile ayant fait 120.000 morts entre 1991 et 2001.
Si M. Taylor est reconnu coupable, sa peine sera déterminée lors d'une audience dans les quatre à huit semaines suivant le jugement.
Le TSSL a déjà condamné à Freetown huit accusés pour des crimes commis en Sierra Leone à des peines allant de 15 à 52 ans de prison.
L'ancien président libérien, qui plaide non coupable, doit répondre de onze chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, dont meurtre, violences sexuelles et pillage, commis entre novembre 1996 et janvier 2002.
A Monrovia, où le jugement sera également retransmis en direct, le gouvernement du Liberia avait appelé mercredi la population au calme et "à prier pour la nation et la paix". "L'issue du procès sera acceptée par tous les Libériens indépendamment de leurs différences", avait assuré Monrovia.
Les troupes de M. Taylor avaient combattu aux côtés des rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), que l'ex-président dirigeait en sous-main en leur fournissant armes et munitions en échange de diamants, selon l'accusation.
Souvent drogués, les hommes de Charles Taylor ont perpétré mutilations et actes de cannibalisme. De nombreux civils ont été tués à la machette, des femmes réduites en esclavage sexuel et des enfants de moins de quinze ans enrôlés, selon la même source.
Le procès de M. Taylor s'était ouvert le 4 juin 2007 et achevé le 11 mars 2011. Le délibéré aura duré près d'un an, les juges ayant dû lire plus de 50.000 pages de témoignages et examiner 1.520 éléments de preuve.
L'accusation avait présenté 94 témoins et la défense 21, dont Charles Taylor lui-même, qui avait témoigné pendant 81 heures pour clamer son innocence et qualifier de "mensonges" le fait qu'il aurait mangé de la chair humaine.
Il avait toutefois affirmé ne voir aucun problème dans le fait que des crânes humains avaient été exposés à des points de contrôles militaires.
Le mannequin britannique Naomi Campbell et l'actrice Mia Farrow étaient venus témoigner en août 2010 à la demande du procureur, entraînant un regain d'intérêt du procès sur la scène internationale.
Le procureur souhaitait les entendre au sujet de diamants du RUF que Mme Campbell avait reçus de M. Taylor après un dîner en Afrique du Sud organisé en 1997 par Nelson Mandela.
3 Commentaires
Lolotte
En Avril, 2012 (11:56 AM)Agnambieh
En Avril, 2012 (12:30 PM)Vive le Liberia
Lawson
En Avril, 2012 (15:08 PM)c est de l hypocrisie !
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