Les forces pro-gouvernementales qui mènent une offensive contre les groupes armés en Centrafrique ont repris, mercredi, le fief de l'ex-président François Bozizé. Ce dernier est accusé de soutenir les groupes armés pour renverser le régime du président Faustin Archange Touadéra.
Dans le cadre d'une offensive contre les groupes armés, les forces pro-gouvernementales centrafricaines ont repris, mercredi 24 février, le fief de l'ex-président François Bozizé, accusé de soutenir les groupes armés pour renverser le régime du président Faustin-Archange Touadéra.
Les rebelles sont sur la défensive depuis que l'armée centrafricaine et ses alliés, des militaires rwandais et paramilitaires russes, ont lancé en janvier une contre-offensive leur permettant de reprendre d'importantes villes aux rebelles.
"Je salue la prise ce jour par nos forces et les alliés de la ville de Bossangoa", à 280 km au nord de Bangui, a affirmé mercredi sur sa page Facebook le Premier ministre, Firmin Ngrebada. "Plus jamais des bandits ne vont perturber la quiétude des populations dans cette partie du territoire", a-t-il asséné.
QUELQUES IMAGES... Sous l´autorité du Président de la République, je salue la prise de la ville de Bossangoa par nos...
Publiée par Ngrebada Firmin sur Mercredi 24 février 2021
"Il y a eu de la résistance, mais cette résistance a été brisée, les ennemis sont en fuite. Des combats sont encore en cours", a déclaré un haut responsable du gouvernement sous couvert d'anonymat.
Mi-décembre, six des plus puissants groupes armés qui contrôlaient les deux-tiers de la Centrafrique – en guerre civile depuis huit ans – se sont alliés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), puis ont lancé une offensive contre le régime du président Touadéra.
Les rebelles se sont heurtés à des forces bien mieux armées et équipées : quelque 12 000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Minusca, présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse de Faustin-Archange Touadéra et d'une armée démunie.
Les rebelles perdent du terrain
Malgré des attaques contre des villes éloignées de Bangui, et jusqu'aux portes de la capitale pour deux d'entre elles vite repoussées le 13 janvier, les rebelles n'ont pas réussi à empêcher la réélection de Faustin-Archange Touadéra au premier tour de la présidentielle du 27 décembre. Et depuis près d'un mois, ils ont perdu un certain nombre de villes.
Les forces pro-gouvernementales ont ainsi mené une contre-offensive. Les villes de Boda, Boali, Bossembélé, Bossemptélé, Yaloké et Beloko ont été successivement reconquises, ouvrant l'axe de ravitaillement vital reliant la capitale Bangui au Cameroun.
Le 16 février, un premier convoi de camions commerciaux est arrivé dans la capitale depuis la frontière camerounaise, après plusieurs semaines de blocus par les rebelles. La quasi-totalité des marchandises importées par la Centrafrique, le deuxième pays le moins développé du monde selon l'ONU et totalement enclavé au cœur du continent, arrive par la route depuis le Cameroun.
Le 17 février, le premier ministre a annoncé la "libération totale" de Bambari, la cinquième ville de Centrafrique, située à 370 km de Bangui, et la capture de "nombreux prisonniers", au terme de violents combats, qui ont fait au moins 36 blessés selon l'ONG Médecins sans frontières. Trois jours plus tard, Firmin Ngrebada a annoncé la prise d'Ippy, une ville située au nord-est de Bambari.
Le soutien de François Bozizé à la CPC
Mercredi, la ville de Bossangoa, fief du l'ancien président François Bozizé, arrivé au pouvoir à la suite d'un putsch en 2003 avant d'en être chassé en 2013, a donc été reprise.
François Bozizé avait été accusé par Faustin-Archange Touadéra de "tentative de coup d'État" à la tête de la CPC dès que la coalition avait annoncé "marcher sur Bangui" le 19 décembre, ce que le parti de l'ancien chef de l'État, renversé en 2013 par un coup d'État qui a marqué le début de la guerre civile, avait nié. Mais le jour de l'élection, il avait néanmoins apporté son soutien à la CPC. Le 4 janvier, une enquête a été ouverte à son encontre notamment pour "rébellion".
Auparavant, sa candidature à la présidentielle avait été invalidée début décembre par la Cour constitutionnelle au motif notamment qu'il était sous le coup de sanctions de l'ONU pour son soutien présumé à des milices d'autodéfense coupables, selon les Nations unies, de crimes de guerre et contre l'humanité au paroxysme de la guerre civile en 2013 et 2014.
Le président Touadéra a été réélu à l'issue d'un premier tour contesté où moins d'un électeur sur deux a pu se rendre aux urnes en raison des violences des groupes armés.
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