Alexandre-Ferdinand Nguendet, opposant de l'actuel président centrafricain, a été empêché de quitter la Centrafrique dimanche, alors qu’il devait s’envoler pour la France. Son mouvement dénonce un acharnement politique.
Il est 7h du matin dimanche 25 août lorsqu’un conseiller d’Alexandre-Ferdinand Nguendet, ancien président du Conseil national de transition (CNT) et actuel opposant au président centrafricain Touadéra, se présente à l’aéroport pour procéder à l’enregistrement de ce dernier. Alexandre-Ferdinand Nguendet devait embarquer avec sa femme sur un vol de Royal Air Maroc en direction de Toulouse, en France. Mais le commissaire de la police des frontières s’est opposé à l’enregistrement de ce passager.
« Le commissaire a demandé la présentation d’une autorisation de sortie alors que je ne suis même pas placé sous contrôle judiciaire », a déclaré à Jeune Afrique Alexandre-Ferdinand Nguendet.
« Je sais juste que j’ai été entendu par la justice dans une affaire d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État qui remonte à 2017 et de l’audit de la gestion du CNT mais on ne m’a jamais notifié une interdiction de sortie ni un quelconque contrôle judiciaire », a-t-il expliqué.
Poursuivi pour détournement
Alexandre-Ferdinand Nguendet a dirigé le CNT de 2013 à 2016. Suite au rapport de la Cour des comptes publié mi-août qui a épinglé la gestion du parlement centrafricain, « il a fait l’objet d’une poursuite judiciaire pour un détournement de près de trois milliards de F CFA », a indiqué Flavien Mbata, ministre centrafricain de la Justice, contacté par Jeune Afrique. « Il est inculpé et placé sous contrôle judiciaire. Il le savait très bien mais il a voulu quitter le pays en douce”, a-t-il fait valoir. Le ministre de la Justice affirme que son placement sous contrôle judiciaire lui a bien été notifié.
Du côté de l’opposition, cette interdiction de sortie passe très mal. « C’est une décision arbitraire. Il (Nguendet) n’est pas sous contrôle judiciaire mais fait plutôt l’objet d’une information judiciaire ouverte à son encontre. Il jouit donc de toutes ses libertés », a dénoncé Gervais Lakosso, coordonnateur du Groupe de travail de la société civile et un des leaders du mouvement politique E zingo biani.
Pour lui, « c’est un abus d’autorité dont le but est de fragiliser un adversaire politique ». Alexandre-Ferdinand Nguendet est membre du mouvement E zingo biani, une plateforme regroupant des leaders politiques et de la société civile, opposants au président centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Mais pour le ministre centrafricain de la Justice, « cette affaire n’a rien de politique. C’est vraiment une affaire de droit commun ».
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