En 2023, il participe pour la deuxième fois à une élection présidentielle, après celle de 2016. En tête dans les sondages, il avait décidé de mettre de côté ses ambitions personnelles pour soutenir le candidat "consensuel" désigné par la plateforme Alternance 2023 : le professeur Albert Ondo Ossa. Cependant, son engagement au sein de cette coalition ne dure que le temps d'une élection, puisqu'il annonce, le mercredi 6 septembre, qu'il se retire de cette plateforme.
Dans cet entretien accordé à Seneweb, réalisé avant l'annonce de sa nomination au poste de Premier ministre, il revient sur le coup d'État mené par le général Brice Oligui Nguema, évoque les points de désaccord avec la plateforme Alternance 2023, et partage ses attentes concernant le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).
Seneweb : Comment avez-vous accueilli le coup d'État orchestré par le Général Brice Oligui Nguema ?
Raymond Ndong Sima : Comme je l'ai indiqué, c'est un moindre mal. Cette intervention des corps habillés a évité que les électeurs mécontents des résultats ne descendent dans les rues, ce qui aurait conduit, pour les besoins du maintien de l'ordre, à une action des policiers, gendarmes et militaires, avec probablement des blessés et peut-être même des morts.
Seneweb : Était-ce prévisible ?
RNS : Franchement non. Je ne l'aurais pas parié, habitués que nous étions à voir les Forces de défense et de sécurité mater les revendications politiques.
“J'ai apprécié l'absence d'effusion de sang”
Seneweb : Des soupçons quant à la crédibilité de ce putsch ont émergé. Faites-vous partie des sceptiques ?
RNS : Dans toute opération de cette nature, il y a des ententes entre plusieurs personnes ou groupes de personnes. Je ne me suis pas posé de question sur la crédibilité de l'intervention. J'ai surtout apprécié l'absence d'effusion de sang.
Seneweb : Des arrestations en cours de nombreux proches du pouvoir sortant sont marquées par des images de saisies de sommes d'argent importantes. Approuvez-vous cette procédure ? Et êtes-vous impressionné par ces découvertes ?
RNS : La question est plutôt de savoir si on pouvait faire autrement. Pouvait-on laisser ces sommes entre les mains de ceux qui les détenaient ? Pouvait-on garder le secret de ces saisies sans alimenter la rumeur publique si forte dans notre pays ?
“Les élections étaient pipées”
Seneweb : Dès sa prise de fonction, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CRTI) a décidé d'annuler les élections générales et de dissoudre toutes les institutions de la République. Approuvez-vous ces mesures ?
RNS : Oui, sans hésiter, car les élections étaient pipées. Le nouveau dispositif déniait aux citoyens l'intégrité de leurs droits en les obligeant à choisir entre voter un député indépendant et voter le président de la République, par exemple.
Seneweb : Cependant, l'annulation des élections est une décision que n'apprécient pas certains acteurs de l'opposition, notamment la Plateforme Alternance 2023, dont vous êtes membre, emmenée par son "candidat consensuel" Albert Ondo Ossa. Celui qui a été déclaré deuxième à la présidentielle par le Centre Gabonais des Élections (CGE) ne souhaite pas une reprise du processus électoral. Qu'en pensez-vous ?
RNS : Je ne parle plus au nom de la plateforme A23. J'en suis sorti en raison de divergences persistantes, notamment sur ce point. Notre candidat demande le recomptage des voix. Or les urnes sont restées 3 jours entiers à la seule disposition d'un acteur, le CGE, qui a fait la démonstration de son parti pris. Quelle garantie avons-nous que ces urnes n'ont pas été harmonisées avec les résultats ? En la matière, je rappelle la jurisprudence Mamboundou de 2009 où un recomptage a confirmé les résultats contestés. Pour moi, nous avions l'avantage sur le terrain et nous devions rester sereins et repartir à des élections après une refonte des textes qui encadrent les élections.
Seneweb : Votre vision sur cette question ne semble pas être partagée par votre plateforme, qui, à travers son porte-parole, souhaite que les putschistes reconnaissent la victoire de son candidat. Est-ce là un point de discorde synonyme de rupture ?
RNS : Les FDS n'ont pas fait un coup contre notre candidat, mais contre celui que le CGE a déclaré élu. Il y a là en effet un point de désaccord entre nous.
“Je me suis engagé en politique pour peser sur la gouvernance de notre pays”
Seneweb : Quelles sont vos attentes par rapport au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CRTI) ?
RNS : Nous espérons que le CRTI s'attaquera de manière inclusive et urgente au cadre législatif et réglementaire électoral et qu'il organisera par la suite des élections apaisées, justes et transparentes.
Seneweb : Seriez-vous prêt à répondre à l'appel de ce comité dans le cadre de la mise en place d'un gouvernement de transition ?
RNS : Pourquoi pas. Je rappelle que je me suis engagé en politique pour peser sur la gouvernance de notre pays.
Seneweb : Ne craignez-vous pas une présence indéterminée de cette junte au pouvoir, comme c'est le cas dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne ?
RNS : Je ne veux pas faire de procès d'intention à ceux qui viennent de prendre le pouvoir. Ils ont par ailleurs dit à plusieurs reprises qu'ils sont là pour un temps limité et souhaitent au terme de leur intervention rendre le pouvoir aux civils.
Seneweb : Quelle est selon vous la durée idéale d'une transition ?
RNS : Je l'ai déjà indiqué. Je crois qu'il faut un à deux ans de transition. Ce sont les obstacles sur cette voie qui peuvent la raccourcir où au contraire conduire à sa prolongation.
5 Commentaires
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En Septembre, 2023 (17:29 PM)Reply_author
En Septembre, 2023 (17:39 PM)Jules
En Septembre, 2023 (18:13 PM)Reply_author
En Septembre, 2023 (08:00 AM)Takou
En Septembre, 2023 (19:08 PM)Gass
En Septembre, 2023 (21:40 PM)Nianthio
En Septembre, 2023 (08:46 AM)Participer à la Discussion