J’aime les Sénégalaises. Bon, disons que c’est un pléonasme, dire qu’on aime une Sénégalaise. Une Sénégalaise, c’est déjà en soi quelque chose qui s’aime, qui s’adore, qui se rêve, qu’on désire, quelque chose sur laquelle on fantasme toutes les nuits comme un capitaine raté aigri fantasme sur un grade de général.
Une Sénégalaise, c’est une petite merveille harmonieusement bâtie, droite, un majestueux colosse dressé sur des jambes d’échassier, deux boulettes fermes en bandoulière sachant tourner devant ceux qu’il faut et ne pas le faire devant ceux qu’il ne faut pas, deux gracieuses lèvres toujours luisantes sachant sourire à qui il faut et ne pas le faire à qui il ne le faut pas, deux petits yeux de fouine sachant fixer et hypnotiser qui il faut et ne pas le faire à qui il ne faut pas, des dents très blanches avec une jolie raie, une raie-sanogo, contrastant à merveille avec le teint noir de jais, des dents bien blanches qui savent mordre dans ce qu’il faut, où il faut et ne pas le faire là où il ne le faut pas, et, surtout, deux bombes-arrières ondulant sur un morceau de l’ex Youssou N’dour, le vrai Youssou N’dour, des ondulations capables de vous faire oublier les pires calamités de ce bas-monde de miasmes.
Ah, une Sénégalaise, un rêve ! Si je défunte sans avoir pu en épouser une, qu’on m’enterre tout juste auprès du Monument de la Renaissance à Dakar, pour que mon fantôme puisse les admirer à loisir lors de ses randonnées nocturnes.J’aime, donc, les Sénégalaises. Je les aime toutes. Même Djénéba, la bonne de ma voisine, qui ressemble plutôt à une Béninoise, courte, ramassée et potelée, mais qui, comme par miracle, est une N’Diaye, une Sénégalaise donc. C’est pourquoi je leur consacrerai très prochainement un livre, sûrement celui avec lequel je remporterai la même année le Goncourt, le Renaudot, le Médicis et le Femina. Celui dont les droits d’auteur me permettront d’aller me construire une petite villa à mezzanine avec vue sur le palais présidentiel à Lomé et siffler Faure Gnassingbé chaque matin à son arrivée au bureau. Toute douceur, mon panthéon de la provocation.
Je l’intitulerai simplement, sans subversion, sans provocation, je l’intitulerai donc, ce livre sur les charmes et la beauté des Sénégalaises, Marilyn Monroe était Sénégalaise. Marilyn Monroe Sénégalaise, donc très sûrement musulmane, Marilyn Monroe en burqua entourée d’une ribambelle d’enfants, au foyer d’un polygame macho, disons que ce n’est pas une très belle métaphore mais passons, je n’ai pas encore trouvé mieux, mon hyper best-seller a encore tout le temps pour changer de titre.C’est, donc, le projet d’écriture de mon futur succès de librairie qui me permettra très bientôt de devenir aussi riche qu’un footballeur, fût-ce un réserviste du Paris-Saint-Germain, qui m’a, il y a presque deux mois, rapproché d’un groupe de quatre jeunes étudiantes sénégalaises vivant dans mon quartier.
Comme toute Sénégalaise qui se respecte, elles sont toutes noires, élancées, rondes où il faut, dansant Mbalax, portant des perles autour des hanches, des perles qu’elles ne cachent pas même devant des étrangers masculins, préparant du riz au gras avec des ingrédients aussi multiples que les clés dans le trousseau d’une femme de voleur, jubilant devant des parties de lutte où des zigotos engraissés comme des truies enceintes se cassent les articulations par dizaines de millions interposés, embaumant leur chambre d’encens, critiquant, reines de l’hypocrisie, leurs colocataires maliens en wolof, et les adulant en français, lançant des cauris, consultant des marabouts comme pour se divertir, s’encombrant de gris-gris, remplaçant les amants au même rythme que leurs jeans plaqués et décolletés.
J’adore les Sénégalaises. L’idée est de leur faire parler, dans le livre, des secrets de leur beauté, de leurs charmes, de leurs techniques d’envoûtement si efficaces, de leur premier amour, de leur deuxième amour, de leur troisième amour, de leur plus belle nuit d’amour, de leur plus bel amant, de leur plus chaude envie, de leur art de séduire les hommes par leurs encens et de les tromper avec élégance, de leurs projets, de leurs rêves.Pas facile, suivre une étudiante sénégalaise bling bling à Bamako qui parle de ses amours. Elle en a tellement. De toutes les nationalités.
Dans ce pays où la crise de l’éducation a rendu les études tellement faciles que n’importe quel cancre venant d’un pays limitrophe peut se retrouver un petit génie parmi des étudiants autochtones sachant à peine conjuguer un verbe du premier groupe à tous les temps de l’indicatif, l’université et les écoles supérieures privées sont encombrées d’étudiants de toutes les nationalités d’Afrique. Ivoiriens, Camerounais, Gabonais, Togolais, Béninois, Guinéens, Tchadiens… tous y viennent glaner des diplômes aussi facilement que faire un coup d’Etat au Sahel en mars.
Et mes personnages sénégalais en ont tellement mordus puis plaqués que la première m’a raconté cent-trente-six histoires d’amour en un an et demi de séjour au Mali, la deuxième, la plus paresseuse, quatre-vingt-huit en trois ans de séjour, et la troisième, la plus dynamique, deux-cent-cinquante-six en deux ans trois mois.La quatrième, elle, refusant, discrète, de me conter ses conquêtes, me fit part de son rêve le plus ardent de ces derniers temps, le rêve qu’elle aimerait concrétiser avant de terminer, l’année prochaine, son séjour au Mali, le rêve qui restera pour elle, avant son diplôme en gestion, le plus beau trophée remporté au Mali en quatre années d’études. Partager sa couche, en une semaine, avec sept spécimens différents de mâles. Elle voudrait constituer une sorte de Guinness Book des partenaires de ses parties de jambes en l’air.
Le lundi, elle voudrait avoir dans son lit l’homme le plus court vivant au Mali. Je lui ai demandé de chercher parmi les Camerounais, les Gabonais, les Congolais, les Béninois ou les Togolais. Le mardi, l’homme le plus vantard et menteur vivant au Mali. Je lui ai suggéré de chercher parmi les Ivoiriens, car ces gens-là, comme ils se plaisent à le dire eux-mêmes, c’est quand y a bouche que tu vois ivoirien. Le mercredi, le plus débraillé de tous les hommes au Mali. Je lui ai recommandé les Nigériens, elle peut en trouver parmi eux, ces sacrés petits médjiras, qui portent des paires de chaussures en peau de croco sur des joggings. Le jeudi, elle voudrait consommer le plus élégant, gentil et intelligent de tous les hommes vivant au Mali. Je l’ai priée de ne pas chercher loin, j’étais là devant elle, j’étais à elle.
Le vendredi, le plus gros soûlard de tous les hommes au Mali, car pour elle, il n’y a de femme plus comblée au lit que celle d’un soûlard. Je lui ai proposé de chercher parmi les Burkinabè, parce que ces gens qui chantent Le soûlard s’en fout avec la même passion que leur hymne national, il serait presque impossible de dénicher un plus gros soûlard ailleurs que chez eux. Le samedi, le plus louche de tous les hommes au Mali. Les Nigérians et les Ghanéens, que je lui ai recommandés, tout le monde sait qu’ils sont, ces anglophones, les rois de l’arnaque dans nos pays. Le dimanche, son septième amant donc, serait en quelque sorte un condensé de tous les spécimens qu’elle a croqués durant les six premières nuits.
Un homme à la fois vantard et menteur, louche, débraillé, soûlard à l’extrême… un spécimen des spécimen donc. J’allais lui dire que c’était presque impossible, que comme le dit cet adage du Togo aucun homme n’est totalement négatif, que même il arrivait à Eyadema et Mobutu d’être des fois humanistes au-delà de leurs crimes et atrocités, que Faure Gnassingbé est libidineux, il la fout au fin fond de tout ce qui lui passe sous le nez mais il n’est pas un soûlard, que Yayi Boni se saoule la gueule à loisir comme un Burkinabè mais il n’est pas louche, Sassou Ngesso est louche, aussi louche jusqu’au point d’aller installer des dépôts d’armes dans les concessions des Congolais, mais il est élégant, il n’est pas débraillé comme les médjirasdu Niger…
j’allais, donc, dire à ma Sénégalaise nympho qu’elle ne trouverait jamais ce septième amant, un homme totalement négatif, quand à la télévision, qu’elle avait laissée allumée dans un coin de la chambre, commença à hurler une voix d’homme, débitant un communiqué aussi mécanique qu’un tracteur chinois dans une rizière de pays sous-développé. Elle me regarda et me sourit. Je me concentrai sur le discours de notre capitaine putschiste qui veut devenir ou président ou général. Mon personnage avait trouvé son amant du dimanche. Le septième.
19 Commentaires
Mygol
En Mai, 2012 (21:14 PM)Fan
En Mai, 2012 (21:41 PM)Pfffffffffff
En Mai, 2012 (21:43 PM)un peu méchant avec le capitaine sanogo. merci pour le texte, bien écrit, sans faute (pour moi c'est respecter les gens que d'écrire en respectant les règles , pour ceux qui en sont capables bien sur), facile à lire ,
Maan Mii
En Mai, 2012 (22:06 PM)Le Duc
En Mai, 2012 (23:12 PM)Boula
En Mai, 2012 (23:52 PM)Sandiara
En Mai, 2012 (23:59 PM)Quilo
En Mai, 2012 (00:53 AM)Haako
En Mai, 2012 (09:11 AM)Resumee: Senegalaise = Pute
mali, ivoriens, nigeriens etc.. = cons, des peles qui se laissent tromper sans reflechir.
nigerian. ghanaens =escrocs :) ( chliches parfois ............)
Le Mali pays chaotique sans vrai Etat et surtout bete.
Le forme comme j ai dit est succulente mis a part le verbe defunter que j aurais remplacer par passer a trepas ou quelques choses du genre.
Doxandem
En Mai, 2012 (09:13 AM)Etrangère
En Mai, 2012 (12:25 PM)meme une journée on l'enferme avec une sénégalaise pour rek 24 heures rek
Bour
En Mai, 2012 (13:02 PM)Mor
En Mai, 2012 (13:17 PM)Yaye Fall
En Mai, 2012 (13:23 PM)Et pour fois, le texte est corrctement écrit! j'ai adoré le lire
Mandingue
En Mai, 2012 (16:22 PM)La Verite
En Mai, 2012 (16:50 PM)Capitaine Sanogo
En Mai, 2012 (19:37 PM)Second Degré
En Mai, 2012 (20:18 PM)En tout cas, merci à l'auteur de ce texte, je me suis tordue de rire!
Efbgrtujmo
En Mai, 2012 (14:14 PM)Participer à la Discussion