La bataille d'Abidjan continue en Côte d’Ivoire. Des combats à l'arme lourde autour du palais présidentiel du quartier du Plateau ont eu lieu ce vendredi 1er avril 2011. Et les Forces républicaines d'Alassane Ouattara encerclent toujours la résidence du président sortant, Laurent Gbagbo. En fin de journée, plusieurs témoignages faisaient état d'une baisse d'intensité des violences mais la population continue de vivre dans la peur. Dans la foulée, le président reconnu par la communauté internationale a décidé la réouverture immédiate des frontières aériennes afin de faciliter une éventuelle évacuation des ressortissants étrangers et instauré un couvre feu à partir de 17h00, heure d'Abidjan.
A Abidjan, la situation est extrêmement évolutive. Si Laurent Gbagbo semble aculé, les forces qui lui sont toujours loyales ont mené la nuit dernière et cette matinée une résistance farouche. Cet après-midi, l’intensité des tirs a considérablement diminué à Cocody, où se trouvent le siège de la RTI et la résidence du chef de l’Etat, au Plateau où est situé le palais présidentiel ainsi qu'au camp de gendarmerie d’Agban où sont retranchés des soldats issus de différentes unités.
Faut-il en conclure que l’offensive des forces pro Ouattara marque le pas ? Il est trop tôt pour l’affirmer. Dans le camp des Forces républicaines, il semble en fait que l’on se prépare à une deuxième vague d’assaut après les violents combats de la nuit dernière et de la matinée. A moins que ce répit ait été décidé pour laisser les diplomaties travailler à une reddition du président sortant.
L’une des grandes questions du moment est : où se trouve Laurent Gbagbo ? Quoi qu’il en soit, cette situation de vacance du pouvoir provoque un vide sécuritaire et, depuis ce matin, des jeunes en armes se livrent à des pillages à grande échelle dans de nombreuses parties d’Abidjan.
Que va faire Gbagbo
Entre sa résidence de Cocody et le palais présidentiel, on ne sait pas pour l'instant où se trouve Laurent Gbagbo, ni ce qu'il compte faire. Depuis l'offensive des pro-Ouattara sur Abidjan, peu d’informations filtrent sur sa situation mais, avec cette offensive, il s'est estimé victime d'un coup d'Etat. Cela veut dire qu'il ne reconnaît toujours pas la victoire de son rival Ouattara au second tour de la présidentielle du 28 novembre dernier. Le porte-parole de son gouvernement Ahoua Don Mello, a confié que Laurent Gbagbo était à sa résidence, avec sa famille.
Un de ses conseillers, Alain Toussaint, qui se trouve à Paris, dit qu'il a eu le chef de l'Etat sortant au téléphone. Et que celui-ci n'a pas l'intention « d'abdiquer ou de se rendre à un quelconque rebelle que ce soit ». Confirmation de l'un des plus proches amis du président sortant, l'ancien Monsieur Afrique du Parti socialiste français, Guy Labertit. Selon lui, Gbagbo « ne démissionnera » pas et « il n'en sortira pas vivant ». Son entourage dément qu'il ait l'intention de se rendre en exil.
Tractations en coulisses
La Cédéao vient pour sa part d'appeler Laurent Gbagbo à partir, pour mettre fin aux souffrances de son pays. L'Onuci, la Force des Nations unies en Côte d'Ivoire, a dit qu'elle était prête à « faciliter » un départ de Gbagbo, s'il le souhaite. En fait, plusieurs messages lui ont été envoyés pour lui demander de s'effacer. C'est le même message qu'a fait passer le président de la Commission de l'Union africaine.
Tout le monde, Washington et Paris en tête, demande à Laurent Gbagbo de veiller à ce que les populations civiles ne soient plus victimes de la lutte acharnée qu'il mène pour se maintenir au pouvoir. En clair, de céder la place à Alassane Ouattara, président légitime élu par les Ivoiriens, selon la communauté internationale. Et du côté des soutiens d'Alassane Ouattara, on demande depuis jeudi soir à Laurent Gbagbo de se rendre, pour éviter un bain de sang.
Laurent Gbagbo, un homme seul ?
Il reste très peu de fidèles inconditionnels autour de lui. La défection du chef d'état-major, Philippe Mangou, qui s'est réfugié dans la nuit de mercredi à jeudi à l'ambassade d'Afrique du Sud, a donné le signal. Et certains parmi les principaux soutiens de Laurent Gbagbo, notamment civils, ont commencé à fuir le pays dès jeudi dans l'après-midi, peu avant la fermeture de l'aéroport d'Abidjan, qui vient d'ailleurs d'être rouvert par Alassane Ouattara.
Le sort des Français
Quelques 12 000 Français sont recensés en Côte d'Ivoire dont près de 8 000 à Abidjan. Paris suit donc de très près l'évolution de la situation et multiplie les messages de calme et de précaution à ses ressortissants.
Dans l’après-midi, on a appris le meurtre par balles d'un professeur français à Yamoussoukro survenu la nuit dernière. Selon les dernières informations, il s'agirait d'un crime crapuleux, même si l'homme était ouvertement pro-Gbagbo.
Le ministère français des Affaires étrangères continue de chercher à vérifier son identité. Pas de lien a priori avec les violences politiques, pas non plus visiblement, de situation comparable à la mort d'une employée suédoise de l'ONU, le 31 mars à Abidjan. La jeune femme a été atteinte par une balle perdue.
2 Commentaires
.dembel
En Avril, 2011 (06:19 AM)Listo
En Avril, 2011 (11:19 AM)1- On ne veut pas détruire ces batiments symboliques!
2- C'est un chox tactique du harcélement qui est retenu et au bout de 2 jours,les forces spéciales, constituées quasi exclusivement des gens de son ethnie, les bétés et aussi de guérés, n'auront plus ni minutions, ni nourriture, ni médicaments, et tomberont : leur choix sera simple, ils se rendront, ou seront tués!
Enfin la Cote d'Ivoire va pouvoir tourner cette page douloureuse de son Histoire et recontruire un pays, économiquement dévasté par la gestion calamiteuse de Gbabgo ces 12 derniéres!
J'espére que les Ivoiriens retiendront la leçon: plus jamais un bété à la tete du pays!
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