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Afrique

Au Rwanda, Kigali se rêve en ville verte

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Le centre-ville de Kigali, en mai 2021
La capitale, qui dispose d’un système de vélos en libre-service depuis début septembre, est la vitrine des ambitions du régime de Paul Kagame en matière environnementale.

Placide essuie la sueur de son front. « Cela m’aurait pris plus d’une heure de faire ce trajet en bus. Mais là, en vélo, je n’en ai eu que pour vingt minutes », lâche ce jeune commerçant rwandais en descendant d’une bicyclette flambant neuve. Roues vertes et guidon jaune : la start-up Guraride a choisi les couleurs du drapeau du Rwanda pour ses vélos en libre-service, disponibles à Kigali depuis début septembre.

C’est dans ce petit pays vallonné d’Afrique centrale que l’entrepreneur nigériano-américain Tony Adesina, déjà à l’origine de deux entreprises spécialisées dans l’écomobilité et basées au Rwanda, a décidé de lancer son nouveau projet destiné à réduire l’utilisation des transports polluants.

Et pour cause : dans une région où les centres urbains sont souvent exclusivement réservés aux voitures, Kigali fait figure d’exception. « Le Rwanda fait beaucoup d’efforts en termes d’infrastructures pour les cyclistes. Le pays est prêt à adapter ses politiques et mettre en place les mesures nécessaires pour le bon fonctionnement d’initiatives comme celle-ci », affirme Jerry Ndayishimiye, directeur marketing de la start-up.

Certains des grands axes du centre-ville de Kigali ont en effet été récemment doublés de pistes cyclables. Au total, la mairie assure travailler sur un réseau de 17 kilomètres à travers la capitale. Le pays a également mis en place des incitations économiques pour attirer les entreprises dans le secteur des « transports verts » : exemption de taxe à l’importation de matériel pour véhicules électriques, taux d’imposition préférentiels ou encore réduction de frais d’électricité.

Kigali, vitrine des ambitions du régime

Aujourd’hui, Guraride n’en est qu’à ses débuts : un peu moins d’une centaine de vélos sont disséminés sur treize stations dans la ville. Mais Tony Adesina assure que l’application a déjà été téléchargée près de 9 000 fois et qu’elle enregistre en moyenne 180 trajets par jour.

Reste à savoir si son modèle économique sera viable : le service est pour l’instant gratuit pour attirer le plus de clients possible et la start-up assure ne pas avoir encore défini les prix de la location. Elle est en tout cas soutenue par la mairie, partenaire du déploiement des vélos. « Guraride correspond à notre projet de ville technologique, écologique, où il fait bon vivre », assure ainsi Pudence Rubingisa, le maire de la capitale rwandaise.

En effet, Kigali est devenue une véritable vitrine des ambitions du régime de Paul Kagame en matière de climat. Le président rwandais, régulièrement épinglé par les organisations de défense des droits humains, n’en porte pas moins un audacieux projet de protection de l’environnement et de réduction des gaz à effet de serre.

Le pays est le premier du continent africain à avoir déposé, en mai 2020, sa deuxième contribution nationale à l’Accord de Paris auprès de la Convention cadre des Nations unies sur le climat. Il s’y engage à réduire ses émissions de CO2 d’au moins 16 % d’ici à 2030.

Devenir « le joyau du pays »

Un dimanche matin sur deux, plusieurs kilomètres de routes de la capitale sont fermés à la circulation. Ces « journées sans voiture » sont particulièrement appréciées des classes aisées de Kigali qui viennent faire du jogging, de la marche rapide ou du vélo sur ces axes. Le président et la première dame se prêtent régulièrement à l’exercice.

Dernièrement, la mairie a également entrepris de rénover la zone piétonne du centre-ville, où les citadins peuvent maintenant profiter du Wi-Fi gratuitement sur des bancs installés à l’ombre de palmiers. « C’est vraiment beau. Pourvu que cela nous ramène plus de clients et nous permette d’augmenter notre chiffre d’affaires », dit Joshua, qui vend des habits au coin de la rue. En attendant, « plus la ville se transforme, plus les prix des loyers montent. Et, pour l’instant, nos recettes ne se sont pas vraiment améliorées. Donc nous espérons que cela va bientôt changer », souffle-t-il.

Le plan directeur de transformation de Kigali d’ici à 2050 soulève des inquiétudes quant à une exclusion des populations les plus pauvres de la nouvelle capitale rwandaise, dans un pays classé, en 2020, à la 160e place sur 189 en termes d’indice de développement humain par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

« Kigali est devenue une image de marque destinée à être le joyau du pays », estime Benjamin Michelon, consultant pour la Banque mondiale et auteur d’une thèse sur la mutation des capitales rwandaise et camerounaise (Yaoundé). « La ville s’est transformée d’une manière formidable, à une vitesse jamais vue ailleurs en Afrique, décrit-il. Mais cela a aussi des conséquences sur la population. Certains quartiers ont été complètement rasés, leurs habitants relégués dans des zones périphériques où ils perdent le lien économique et social. »

Fin 2019, une vaste opération d’évacuation et de destruction d’habitations dans Kigali avait fait polémique, certaines personnes expulsées dénonçant des problèmes dans les indemnisations. La mairie avait, de son côté, expliqué que ces constructions se trouvaient sur des zones humides avec des risques élevés d’inondation.

Le gouvernement rwandais se défend de vouloir mener une politique d’urbanisation verte aux dépens des plus pauvres. En témoigne son projet « Green City » qui prévoit la construction d’un quartier 100 % écologique dans la périphérie de Kigali. Outre le recours aux énergies renouvelables, la mise en place de systèmes de recyclage des déchets et l’usage de matériaux respectueux de l’environnement, cette future ville nouvelle est censée s’adresser à tous les Rwandais, y compris les plus modestes. Des logements abordables doivent leur être proposés, assortis d’une politique de prêts innovants. Reste que cette cité verte, annoncée mi-2019, est toujours largement en friche aujourd’hui.


4 Commentaires

  1. Auteur

    Boulé

    En Octobre, 2021 (09:00 AM)
    De la poudre aux yeux. Le Rwanda va mal, l'Afrique va mal.
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  2. Auteur

    Milk

    En Octobre, 2021 (09:19 AM)
    moin de poli que et pas de corruption égal développement.

    Remarquez que chez nous depuis que les les locales sont annoncées plus personne ne travaille dans le public parque les ministres ,les dg ,les dc et autres s'y ont déserté les bureaux.

    C la poli que qui nourrit son homme ;résultat des courses tout le monde veut devenir politiciens.
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    Auteur

    En Octobre, 2021 (09:41 AM)
    Du bluff. Le fils de kagamé vient d'acheter une maison de plus de 4 milliard aux usa
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    • Auteur

      Reply_author

      En Octobre, 2021 (09:53 AM)
      Je préfère que le fils de macky sall me vole 4 milliards pour acheter une villa à Beverly hills et que son père  me transforme Dakar à une ville propre et vivable comme Kigali 
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    • Auteur

      Reply_author

      En Octobre, 2021 (12:43 PM)
      Je ne sais pas d'où tu sors cette information. Je ne sais même si Kagame a un fils. Je sais qu'il a une fille. En tout cas son nom n'est pas apparu dans les Pandora Papers.
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    • Auteur

      Reply_author

      En Octobre, 2021 (16:03 PM)
      arrête de parler comme un perroquet, le fils a fait des études et travaille dans un fond d'investissement, il n'est pas comme toi assis e aigri et sans avenir à longueur de journée derrière son clavier.
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    Auteur

    En Octobre, 2021 (12:53 PM)
    Et à Dakar se preoccupe-t-on de pistes cyclables (elle s'y prête plus pourtant que Kigali, point de vue dénivelé), zones piétonnes, dimanches sans voiture, réduction des émissions de CO2 (en dehors des beaux discours et intentions...)? Ceux qui promeuvent la durabilité sont-ils pris au sérieux ou les regarde-t-on comme des extra-terrestres? 

    D'une manière générale, met-on en avant la science, le savoir, la réflexion? 

    On se pose parfois la question. J'ai vu juste sous l'autopont de Yoff une aire de  jeux. Les enfants y respireront un air vicié par les gaz d'échappement... Je suis sûr que si on prenait la peine de consulter largement les populations ce genre d'aménagement tape-à-l'oeil ne se ferait pas. A la clé: des économies directes et indirectes (éviter à moyen et long terme des problèmes de santé publique...) conséquentes 

    Mais nous savons bien que c'est la médiocrité qui est favorisée et recherchée chez nous.

     
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