Le gouvernement algérien était, dimanche, sous le feu des critiques de médias et des réseaux sociaux concernant sa gestion de l'épidémie de choléra, confirmé chez 49 malades, dont deux sont décédés depuis début août.
Le gouvernement algérien était dimanche 26 août sous le feu des critiques, alors qu’il lui a fallu deux semaines pour annoncer la résurgence du choléra dans le pays, dont la dernière épidémie d’ampleur remonte à 1986. Le dernier bilan officiel dénombre 49 malades, dont deux sont décédés.
Alors que des dizaines de patients souffrant de diarrhées aiguës étaient hospitalisés depuis le 7 août dans plusieurs régions, le ministère de la Santé et l'Institut Pasteur n'ont admis la responsabilité du vibrion du choléra que le 23 août. Trois jours après avoir publiquement exclu cette hypothèse.
"Il paraît clair que les autorités étaient au courant bien avant cette déclaration", affirme le quotidien francophone Liberté, disant être en possession d'une note de huit pages du ministère de la Santé, datée du 22 août et alertant les autorités préfectorales et les structures de santé sur la maladie. Le média en ligne TSA (Tout sur l'Algérie) indique, citant une source médicale, que "l'Institut Pasteur et le ministère de la Santé étaient au courant de la nature de la maladie au moins dès le lundi 20 août".
Le ministre de la Santé se défend
Critiqué avec le reste du gouvernement pour son silence depuis le début de la crise, le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, a répondu, dimanche, à ces accusations, après avoir visité un des deux hôpitaux où sont regroupés des malades. "On ne peut pas annoncer la maladie avant le diagnostic positif, on était dans un cadre de suspicion. Dès qu'on a eu la confirmation on l'a dit", a-t-il expliqué, assurant que son ministère était "actif depuis le premier jour pour mettre en place une stratégie".
Dénonçant des "dysfonctionnements et des zones d'ombre", TSA s’interroge : "Faut-il 16 jours pour identifier le vibrion cholérique ?" Les hôpitaux algériens "disposent-ils de laboratoires de microbiologie et des outils nécessaires au diagnostic précoce des maladies infectieuses ? Des pathogènes ont-ils été recherchés chez les patients ? Si oui, les résultats de ces analyses ont-ils été cachés ?", poursuit le média en ligne.
Le quotidien El Watan fustige de son côté "une gestion chaotique" de la crise par un gouvernement aux abonnés absents depuis l'apparition de la maladie. "Aucun des ministres concernés par cette situation, à savoir celui de la Santé, de l'Intérieur et des Collectivités territoriales, ainsi que celui des Ressources en eaux, n'a daigné s'adresser à la population", s'insurge El Watan.
"Phobie" et "psychose"
Le quotidien arabophone El Khabar estime que "le manque d'informations concernant l'origine de la maladie (...) a provoqué une phobie chez les Algériens". Liberté, qui se demandait lundi matin "mais où est donc passé (le ministre) Hasbellaoui ?", estime que "le silence assourdissant du gouvernement, au moment où la psychose a gagné les Algériens, reste inexplicable voire inexcusable".
L'absence et le silence des hauts responsables du pays sont également fortement critiqués sur les réseaux sociaux, certains internautes l'attribuant au refus des ministres d'interrompre leurs congés durant la semaine largement fériée de l'Aïd al-Adha.
Partagés entre colère et ironie, les internautes notent également qu'aucune campagne publique de prévention n'a été lancée et soulignent qu'aucune rubrique n'est dédiée à l'épidémie de choléra sur le site du ministère de la Santé.
Certains se plaignent des récurrentes pénuries d'eau alors que les autorités sanitaires appellent la population à se laver les mains plusieurs fois par jour… "Le gouvernement nous a tellement menti que personne ne croit son diagnostic et n'a confiance en nos structures sanitaires", déplore ainsi une internaute sur Twitter.
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