Le président sud-africain, que le parti a « révoqué » mardi 13 février, a désormais jusqu'à ce jeudi pour démissionner. Le groupe parlementaire du Congrès national africain (ANC) a annoncé ce mercredi son intention de déposer une motion de défiance, ouvrant la voie à l'élection de Cyril Ramaphosa.
C’est le trésorier général de l’ANC, Paul Mashatile, qui l’a annoncé lors d’une conférence de presse au Cap, au lendemain de la révocation de Jacob Zuma. Le parti déposera ce jeudi devant le parlement une motion de défiance contre Jacob Zuma si celui-ci n’a pas démissionné avant. « Nous ne pouvons plus faire attendre l’Afrique du Sud, la décision doit être mise en œuvre et nous devons procéder au processus parlementaire », a argué Paul Mahatile, qui a précisé que l’ANC prendra attache avec « les autres partis », notamment ceux qui, dans l’opposition, ont déposé de précédentes motion de défiance contre Zuma.
Depuis son élection à la tête de l’ANC en décembre, le vice-président, Cyril Ramaphosa, cherche à pousser vers la sortie le président sud-africain Jacob Zuma, éclaboussé par des affaires de corruption, afin d’éviter une catastrophe probable aux élections de 2019.
La direction de l’ANC s’est finalement décidée ce mardi à exiger le départ de Zuma, après des semaines de tractations et d’atermoiements, mais sans imposer de calendrier précis.
Selon le secrétaire général du parti, Ace Magashule, le président a accepté le principe de se retirer, mais à ses conditions, dans un délai de trois à six mois, ce que l’ANC juge inacceptable.
« Nous ne lui avons donné aucune date butoir » mais « je sais que le président va répondre demain » (mercredi) à l’ordonnance du parti de quitter le pouvoir, a précisé Magashule.
L’ANC affirme chercher une solution à l’amiable
Magashule plaide en faveur d’une solution à l’amiable : « Nous le respectons comme un chef qui a contribué au combat de libération (contre l’apartheid). Il n’y a aucune raison de l’humilier ». Dans la même situation en 2008, Thabo Mbeki, avait obtempéré sans rechigner. C’est donc en théorie la fin pour Jacob Zuma.
Muet depuis plusieurs jours, le président sud-africain n’a cependant aucune obligation juridique de respecter la décision de son parti. S’il refuse de partir, seule une motion de défiance adoptée par le parlement sud-africain lui imposerait de partir.
La décision de l’ANC a signé son arrêt de mort politique
D’après Ben Payton, analyste au cabinet Maplecroft, « la décision de l’ANC a signé son arrêt de mort » politique. « Il n’a pas d’échappatoire possible (…) s’il refuse de démissionner, il sera contraint de partir par un vote de défiance qu’il est sûr de perdre ».
La posture « arrogante » de Jacob Zuma
Mais la résilience démontrée à plusieurs reprises par Jacob Zuma depuis le début de la crise incite à la prudence. Lundi soir encore, il a opposé une fin de non-recevoir à Cyril Ramaphosa, venu personnellement dans sa résidence de Pretoria le prier de se retirer. Le président « était très arrogant. Il a dit qu’il n’irait nulle part, parce qu’il n’a rien fait de mal », a expliqué un membre de la direction de l’ANC cité par la presse locale.
Pour l’opposition, cet épisode est la preuve de la faiblesse du nouveau patron de l’ANC, qui réclame la dissolution du Parlement et des élections anticipées. « Le fait est que Jacob Zuma reste président et garde le pouvoir », a déploré le chef de l’Alliance démocratique (DA), Mmusi Maimane.
L’ANC a été « humiliée » par Jacob Zuma, a renchéri la principale centrale syndicale du pays (Cosatu). « Le temps est venu pour l’ANC de mettre fin à ce théâtre politique lamentable », a-t-elle ajouté.
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